RSF redoute qu'il ne s'agisse d'un acharnement contre un journaliste connu pour son ton critique envers le gouvernement.
(RSF/IFEX) – Après vingt-huit audiences, la justice de l’État de Táchira (Ouest) a annulé, le 5 octobre 2009, la procédure engagée contre le journaliste Gustavo Azócar, tout en ordonnant son maintien en détention préventive. Le journaliste a été arrêté, le 29 juillet 2009, pour avoir mentionné sur sa page Internet, http:www.gustavoazocar.com , une procédure le concernant pour « corruption » et « escroquerie ».
« Les poursuites engagées contre Gustavo Azócar ne sont pas officiellement liées à sa profession, mais ce dossier présente des failles suspectes. La procédure pour ‘escroquerie’ dont il a fait l’objet n’a jamais abouti. Ensuite, la présente décision de le maintenir en détention est injustifiable. Brièvement incarcéré en 2006, Gustavo Azócar n’a jamais cherché à fuir depuis. Le motif de son renvoi en détention n’a rien à voir avec le fond de l’affaire. Enfin, une détention préventive devient inapplicable si une procédure est totalement annulée, ce qui vient d’avoir lieu. Nous redoutons qu’il ne s’agisse d’un acharnement contre un journaliste connu pour son ton critique envers le gouvernement. Gustavo Azócar doit être remis en liberté », a déclaré Reporters sans frontières.
Comme l’épouse du journaliste, Mary de Azócar, l’a confirmé à Reporters sans frontières, le juge José Oliveros Gómez a annulé de fait, le 5 octobre, la procédure dont faisait l’objet Gustavo Azócar. Le magistrat a ordonné que le dossier soit repris à zéro, tout en maintenant le régime de détention préventive à l’encontre du journaliste.
Ancien présentateur de la chaîne régionale privée Televisora del Táchira et de la station Radio Notícias 1060, également ancien correspondant du quotidien « El Universal », Azócar a été poursuivi pour « corruption » et « escroquerie » pour n’avoir pas retransmis des annonces publicitaires officielles dans le cadre de son programme de radio, en 2000. Le journaliste, déjà détenu en 2006, a été réincarcéré en juillet dernier pour avoir dérogé à l’interdiction qui lui était faite de parler de l’affaire. Ce qu’il a toujours nié.
Curieusement, la fonctionnaire de l’État de Táchira à l’origine de la plainte pour « corruption » contre Azócar, Ana Casanova, a allégué par deux fois de problèmes de santé pour ne pas se présenter aux audiences. En septembre, après le constat d’importants vices de forme, la magistrate Fanny Jazmina Becerra a été dessaisie du dossier.
Très critique envers le gouvernement, Azócar avait été agressé en direct par la députée chaviste Iris Varela alors qu’il présentait son programme « Café con Azócar », le 20 novembre 2007 (cf. vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=So2xtMJPmUI&feature=related ).