(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à la présidente de la République, Mireya Moscoso, RSF a protesté contre l’ordre de détention pour « outrage » dicté par Evelia Apricio de Esquivel, maire de David (ouest), à l’encontre de Luis Gaitán Villareal, correspondant du quotidien « El Siglo » et de la chaîne de télévision Televisora Nacional (TVN). « Cette détention […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée à la présidente de la République, Mireya Moscoso, RSF a protesté contre l’ordre de détention pour « outrage » dicté par Evelia Apricio de Esquivel, maire de David (ouest), à l’encontre de Luis Gaitán Villareal, correspondant du quotidien « El Siglo » et de la chaîne de télévision Televisora Nacional (TVN). « Cette détention repose sur le Code de procédure judiciaire qui autorise l’incarcération pour outrage sans procès », a expliqué Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Considérant que la sanction dictée contre le journaliste était « digne d’un régime dictatorial », l’organisation a demandé à la présidente de la République d’user de son influence pour que cet ordre soit annulé. RSF a également demandé que les « lois sur l’outrage » soient abrogées.
Selon les informations recueillies par RSF, le maire de David, Apricio de Esquivel, a ordonné, le 5 décembre 2001, la mise en détention pour quarante-huit heures du journaliste Gaitan Villareal, au motif qu’il lui aurait manqué de respect. Selon l’article 386 du Code de procédure judiciaire, « les agents du ministère public peuvent sanctionner avec des amendes ou des peines de prison ⦠les personnes qui leur désobéiraient ou leur manqueraient de respect ». Le maire reproche au journaliste d’avoir tenu des propos injurieux à son égard et d’avoir quitté une session du conseil municipal malgré ses injonctions. Brièvement détenu le 6 décembre, Gaitán Villareal a été libéré après que le sixième juge du district de Chiriquà avait accepté son recours, au motif que le maire n’avait apporté aucune preuve des faits reprochés au journaliste. Dans des articles récemment parus dans « El Siglo », ce dernier avait critiqué la gestion du maire de David.
Au Panama, des lois sur l' »outrage » donnent le pouvoir à certains représentants de l’Ãtat d’ordonner, sans aucun procès, l’incarcération d’un journaliste pour avoir manqué de respect à leur fonction. Les sanctions vont de trois jours de prison en cas d’outrage à un fonctionnaire municipal, à deux mois en cas d’outrage au président de la République. Le directeur du quotidien « El Siglo », Carlos Singares, avait ainsi été incarcéré huit jours, fin juillet 2000, pour ce motif. L’ordre avait été donné par José Antonio Sossa, procureur général de la Nation, qui reprochait au journal la publication des déclarations d’un avocat l’accusant de pratiques pédophiles (consulter les alertes de l’IFEX des 27, 21 et 7 juillet, 30 et 26 juin et 31 mai 2000).
Au cours d’une mission au Panama en juillet 2000, Santiago Canton, rapporteur spécial pour la liberté d’expression de l’Organisation des Etats américains (OEA), avait condamné les lois sur l’outrage en vigueur au Panama, en soulignant que l’absence de tout jugement viole la Convention américaine des droits de l’homme.