(RSF/IFEX) – « Nous espérons que la décision du juge Santiago Pedraz d’émettre un mandat d’arrêt international contre les militaires responsables du tir ayant tué José Couso permettra que les trois membres de l’armée américaine soient enfin entendus dans cette affaire », a déclaré RSF. « Nous souhaitons que cette décision permette de faire comprendre à quel point […]
(RSF/IFEX) – « Nous espérons que la décision du juge Santiago Pedraz d’émettre un mandat d’arrêt international contre les militaires responsables du tir ayant tué José Couso permettra que les trois membres de l’armée américaine soient enfin entendus dans cette affaire », a déclaré RSF.
« Nous souhaitons que cette décision permette de faire comprendre à quel point la question de la sécurité des journalistes en zone de conflit n’est pas abstraite et appelle des réponses urgentes. L’adoption à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies, le 23 décembre 2006, de la résolution 1738 sur la protection des journalistes dans les conflits armés, rappelle que la mort de professionnels de l’information ne doit plus être perçue comme une fatalité », a déclaré l’organisation de défense de la liberté de la presse.
Le 16 janvier 2007, le juge madrilène Santiago Pedraz a émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de trois militaires américains, pour l' »assassinat » de José Couso, cameraman de la chaîne privée Telecinco, tué le 8 avril 2003 dans l’attaque de l’Hôtel Palestine de Bagdad. Cette mesure concerne le sergent Thomas Gibson, le capitaine Philip Wolford et le lieutenant-colonel Philip de Camp, responsables du char de combat d’où venait le tir mortel. Santiago Pedraz a également demandé que la possibilité de geler les avoirs des militaires américains soit examinée, dans la perspective où ces derniers seraient condamnés à verser des dédommagements à la famille de José Couso.
L’ambassade des Etats-Unis en Espagne a rappelé que la mort de José Couso avait déjà fait l’objet d’une enquête qui avait conclu que les militaires avaient agi « conformément aux règles de combat opérationnelles dans cette zone de conflit armé ». L’avocat de la famille de José Couso, Leopoldo Torres Boursault, a déclaré que s’il n’obtenait pas l’extradition, il n’hésiterait pas à en appeler à l’application de la résolution 1738.
Si les autorités américaines refusaient d’extrader les trois militaires, ceux-ci pourraient tout de même être arrêtés s’ils se rendaient dans un pays avec lequel l’Espagne a signé un accord d’extradition.
Dans un rapport datant de 2003, l’armée américaine avait estimait qu' »aucune faute ou négligence n’avait été commise par les forces de la coalition », et que « le tir d’obus était dirigé contre ce qui a été pris pour une position de tir (. . .) ennemie « . Le premier mandat d’arrêt à l’encontre des trois militaires émis en octobre 2005 par le juge Pedraz ainsi que ses deux demandes d’audition étaient restés sans effet, après le classement de l’affaire ordonné en mars 2006 par un tribunal pénal espagnol. La décision du Tribunal suprême de rouvrir l’enquête sur la mort du cameraman, le 5 décembre 2006, a relancé le dossier.
Depuis le début du conflit en Irak, 146 professionnels des médias ont été tués, soit deux fois plus que pendant la guerre au Viêt-nam.