(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa préoccupation alors qu’un mandat d’arrêt pourrait être délivré contre Sandra Maribel Sánchez, animatrice de l’émission « Contra Punto » sur Radio América. Poursuivie pour « espionnage » et « exercice illégal du journalisme », elle risque jusqu’à quatorze ans de prison. La journaliste avait diffusé l’enregistrement illégal d’une conversation téléphonique entre deux fonctionnaires. L’organisation a […]
(RSF/IFEX) – RSF a exprimé sa préoccupation alors qu’un mandat d’arrêt pourrait être délivré contre Sandra Maribel Sánchez, animatrice de l’émission « Contra Punto » sur Radio América. Poursuivie pour « espionnage » et « exercice illégal du journalisme », elle risque jusqu’à quatorze ans de prison. La journaliste avait diffusé l’enregistrement illégal d’une conversation téléphonique entre deux fonctionnaires. L’organisation a demandé, dans une lettre adressée au juge en charge de l’affaire, Nery Velásquez, qu’aucun mandat d’arrêt ne soit délivré et que les poursuites à l’encontre de la journaliste soient abandonnées.
« Les poursuites engagées à l’encontre de Sandra Maribel Sánchez constituent une atteinte à la liberté de circulation de l’information garantie par l’article 19 du Pacte international sur les droits civils et politiques, ratifié par le Honduras », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. Il a souligné que, « la conversation des deux fonctionnaires étant d’intérêt public, c’est bien son contenu, et non sa diffusion, qui revêt un caractère scandaleux ». Alors que la journaliste, qui n’appartient pas au Collège de journalistes du Honduras, est, à ce titre, accusée d' »exercice illégal du journalisme », Ménard a rappelé que « la Commission interaméricaine des droits de l’homme a décrété illégale l’appartenance obligatoire des journalistes à un collège de professionnels ».
Selon les informations recueillies par RSF, un mandat d’arrêt, accompagné d’un ordre d’interdiction de sortie du territoire, pourrait être délivré contre Sánchez, de Radio América, accusée d' »espionnage ». En vertu de l’article 214 du code pénal, elle risque jusqu’à huit ans de prison. Par ailleurs, la journaliste est poursuivie pour « exercice illégal du journalisme » et encourt à ce titre jusqu’à six ans d’emprisonnement, selon l’article 293 du code pénal. En effet, Sánchez n’appartient pas au Collège des journalistes du Honduras (Colegio de periodistas de Honduras), auquel l’inscription est obligatoire.
Cette décision fait suite à la plainte déposée par l’ancienne directrice de la Cour des comptes et ancien ministre de la Justice, Vera Sofía Rubí. Le 18 janvier 2002, Sánchez avait diffusé, dans son émission « Contra Punto », l’enregistrement d’une conversation téléphonique entre Rubí et le président de la Cour suprême de justice de l’époque, Armando Avila. Au cours cet entretien, datant de 1999, ces derniers se mettaient d’accord pour tenter d’influer sur une décision de justice.
Dans un texte adopté en janvier 2000, le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression des Nations unies a clairement établi que « l’emprisonnement en tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme. »