RSF maintient sa demande d'ouverture d'une enquête de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, à la suite de nouvelles révélations concernant l'espionnage de journalistes et de médias par le Département administratif de sécurité, directement subordonné à la présidence de la République.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières maintient sa demande d’ouverture d’une enquête de la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), à la suite de nouvelles révélations concernant l’espionnage de journalistes et de médias par le Département administratif de sécurité (DAS), directement subordonné à la présidence de la République. Le scandale dit des « chuzadas » avait éclaté après la parution d’un article de l’hebdomadaire « Semana » ( lire le communiqué du 27 février 2009 – http://www.rsf.org/article.php3?id_article=30420 ).
« Depuis le limogeage et l’emprisonnement de l’ancien directeur du DAS, Jorge Noguera, et la révélation, en 2005, d’infiltration de paramilitaires au sein des services de renseignements, il est connu que des enregistrements ont été pratiqués contre des journalistes, pour certains dans le collimateur du pouvoir. Les éléments remis à la presse par d’anciens fonctionnaires du DAS traduisent l’ampleur de la manoeuvre . Ils sont accablants pour la présidence. Le président Alvaro Uribe doit répondre publiquement dans cette affaire, et ne pas se draper dans les dénégations alors que la question de son troisième mandat est posée. Une violation de cette ampleur des principes de la Convention interaméricaine des droits de l’homme mérite que la CIDH soit saisie », a déclaré Reporters sans frontières.
Huit médias et quatorze journalistes figurent aux dernières nouvelles dans les documents transmis par d’anciens fonctionnaires du DAS à RCN, l’un des principaux groupes audiovisuels privés, et à l’hebdomadaire « Semana ». En réalité, selon les sources, tous les journalistes de rédactions importantes ayant couvert les élections de 2006 ont été espionnés. D’après l’ancien capitaine Jorge Lagos, démissionnaire de la direction du contre-espionnage du DAS, les écoutes ont été effectuées sur ordre de la direction du service et en lien avec la Casa de Nariño (le palais présidentiel). Leur contenu parvenait aussitôt au secrétaire de la présidence, Bernardo Moreno, ainsi qu’au conseiller présidentiel, José Obdulio Gaviria.
Selon le mot du journaliste Daniel Coronell – lui-même sur la liste -, la présidence est confrontée à un « Watergate ». La Casa de Nariño a démenti toute implication, le 12 mai 2009, en dénonçant « d’anciens fonctionnaires du DAS qui cherchent à discréditer le gouvernement ».
Parmi les journalistes espionnés figurent les noms de: Jenny Arias et Vicky Dávila, de RCN; Yamid Amat et Marilyn López, de la chaîne publique CM&; Fabio Callejas et Darío Arizmendi de la station privée Caracol Radio; Julio Sánchez Cristo, directeur de la station privée La W; Daniel Coronell, de la chaîne publique Canal Uno; Norbey Quevedo, du quotidien « El Espectador »; Salud Hernández et Edulfo Peña, du quotidien « El Tiempo »; Alejandro Santos, directeur de l’hebdomadaire « Semana »; et Carlos Lozano, directeur de l’hebdomadaire « Voz ».