"Alors que le président Bachar Al-Assad se crée une image de négociateur international, les défenseurs syriens de la liberté d'expression sont, un à un, marginalisés et emprisonnés", a déclaré RSF.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières exprime son inquiétude au sujet de l’arrestation du journaliste Ma’an Aqil, le 22 novembre 2009 à Damas, par des agents du Département de la Sûreté nationale. L’arrestation a eu lieu sur son lieu de travail, au siège de la rédaction du quotidien gouvernemental « Al-Thawra ». Le journaliste est interrogé depuis dans les locaux de la Sûreté nationale, qui n’a pas fourni les motifs de cette arrestation. Deux jours après cette arrestation, la direction générale de l’Union de la presse, des publications et de l’impression, qui gère la parution des journaux, a annoncé le licenciement du journaliste.
« Harcèlement, convocations, interrogatoires, détentions, condamnations . . . Les pratiques du système judiciaire et sécuritaire syrien laminent progressivement la liberté d’expression et d’information. Alors que le président Bachar Al-Assad se crée une image de négociateur international, les défenseurs syriens de la liberté d’expression sont, un à un, marginalisés et emprisonnés », s’inquiète l’organisation.
L’arrestation de Ma’an Aqil fait suite à une campagne de harcèlement de la part d’agents de la sécurité nationale à l’encontre du journaliste, depuis plus d’un an, suite notamment à ses différents articles et prises de position. Ma’an Aqil a, en effet, écrit de nombreux articles dénonçant la corruption dans l’administration publique. Il a par ailleurs publié un article sur le site Kulna Shurakaa ( http://all4syria.info ), dans lequel il critiquait la nomination de la journaliste Samira Musalama au poste de directrice de publication du journal gouvernemental « Tashrin ». Il a également pris, à plusieurs reprises, la défense de journalistes victimes de harcèlement de la part des autorités, et déposé des plaintes à cet effet.
Ma’an Aqil avait été condamné, en 1987, à neuf années en prison pour son appartenance à la Ligue d’Action communiste, parti politique interdit depuis les années 1980. Cette nouvelle arrestation intervient au moment même où cinq membres de ce parti doivent passer en jugement.
Cette arrestation s’inscrit dans le cadre d’une campagne d’arrestations arbitraires et de condamnations de défenseurs des droits de l’homme. Le 29 novembre, Pir Rustem, écrivain kurde engagé, a été arrêté par les forces de sécurité. Selon des proches, ce membre du Conseil national de la Déclaration de Damas, se trouve aujourd’hui incarcéré dans l’une des prisons de haute sécurité du pays. En outre, Muhannad Al-Hassani, président de l’Organisation syrienne de défense des droits humains, est détenu depuis le 28 juillet 2009. Il a été inculpé d' »atteinte au sentiment national » et de « diffusion de fausses informations ». Il encourt une peine allant de trois à quinze ans de prison. Le 24 juin 2009, Anouar Al Bunni, défenseur de détenus politiques, a été condamné à cinq ans de prison ferme par la Cour pénale, ainsi qu’à une amende de 100 000 livres syriennes (soit 1 445 euros) pour « propagation d’informations mensongères de nature à affaiblir l’esprit de la nation ».