Selon sa famille, Jean Etienne Laokolé avait été convoqué par la police judiciaire sur la base d’une plainte portée contre lui pour un article publié sur un blog en exil, Le blog de Makaila.
Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude pour l’auteur, activiste et blogueur Jean Etienne Laokolé, toujours détenu par les forces de sécurité tchadiennes trois semaines après son arrestation, dans la nuit du 22 mars 2013, à N’Djamena. L’organisation demande sa libération immédiate et sans condition.
« Les protestations exprimées au niveau national et par quelques organisations internationales – dont Internet sans frontières, Droits de l’Homme sans frontières et Amnesty International – après l’arrestation de Jean Etienne Laokolé n’ont pas permis d’obtenir de ses nouvelles ni des explications sur sa détention. Quelle faute aurait-il commise exactement et comment expliquer une si longue détention, au secret qui plus est ? », s’est interrogée l’organisation.
« Tout indique que les autorités lui reprochent ses écrits sous le pseudonyme de Vourboubé Pierre et qu’elles ont procédé à son arrestation une fois que son identité avait été révélée. Nous demandons au gouvernement tchadien de fournir sans délai des informations sur l’état de santé de Jean Etienne Laokolé et le mobile de son arrestation », a ajouté Reporters sans frontières.
Le soir de son enlèvement, Jean Etienne Laokolé circulait en voiture avec des membres de sa famille dans le quartier d’Atrone, à N’Djamena, quand il a été forcé par un groupe d’individus en civil à monter à bord de leur véhicule. Selon des militants tchadiens des droits de l’Homme, il a été vu trois jours plus tard, le 25 mars, dans l’ancien camp militaire OCAM de N’Djamena – une information relayée par Amnesty International –, et a ensuite été transféré au camp d’Amsinene, à 30 km de la capitale. Ce site non officiel est tristement réputé pour des interrogatoires musclés et des actes de torture par les services secrets.
Selon sa famille, Jean Etienne Laokolé avait été convoqué par la police judiciaire, le 22 mars dernier, sur la base d’une plainte portée contre lui pour un article publié sur un blog en exil (Le blog de Makaila : http://makaila.over-blog.com/) sous le pseudonyme de Vourboubé Pierre. Les plaignants lui reprochaient de « fausses accusations » à leur encontre. A la suite de négociations entre les parties concernées, Jean Etienne Laokolé avait présenté des excuses, mais l’incident avait confirmé qui se cachait derrière le fameux pseudonyme.
Le 19 mars, trois jours avant l’arrestation de Jean Etienne Laokolé, un blog proche du gouvernement, visiondutchad.net, avait publié un article divulguant le pseudonyme de l’auteur en demandant « Qui est cet auteur ? Notre blog a découvert qui se cache derrière ces pseudonymes et qui nous inonde de désinformations ». L’article dévoilait le nom de Jean Etienne Laokolé, les noms de ses proches et des détails sur sa vie personnelle.
Son dernier article, en date du 16 mars 2013, pourrait également expliquer son arrestation. L’auteur y présentait des personnes comme étant des agents de renseignements au service du ministre des Affaires foncières et du Domaine, Jean-Bernard Padaré.
Auteur, activiste, blogueur et travailleur humanitaire tchadien, il est le fils de Jean-Baptiste Laokolé, secrétaire général adjoint du Parti pour les libertés et le développement (PLD, opposition), et le neveu de Saleh Kebzabo, député, président de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR, opposition).