Zeng Jinyan a été menacée d'expulsion de son domicile à Shenzhen, dans lequel elle avait emménagé en avril 2011 suite aux pressions et à la surveillance permanente de la police au pied de sa résidence à Beijing.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières juge inadmissible et choquant l’acharnement du gouvernement chinois contre Zeng Jinyan, épouse du dissident chinois emprisonné Hu Jia, et blogueuse engagée en faveur des droits de l’homme. Le 8 juin 2011, Zeng Jinyan a relaté sur son compte Twitter que les autorités chinoises faisaient pression sur le propriétaire de son logement à Shenzhen (Sud), pour l’en expulser. Zeng Jinyan, qui élève seule sa fille de trois ans, fait déjà l’objet d’une surveillance particulièrement sévère de la part des autorités depuis l’emprisonnement de son mari.
« Nous sommes indignés par le harcèlement des autorités contre Zeng Jinyan, figure emblématique de la lutte en faveur des droits de l’homme en Chine. En réservant un traitement méprisable à l’épouse et à la fille du lauréat du prix Sakharov 2008, Pékin montre son mépris de l’Union Européenne et des valeurs qu’elle défend », a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire-général de Reporters sans frontières.
« Nous nous joignons à la condamnation formulée par le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, et appelons la Commission européenne et sa vice-présidente Catherine Ashton, également Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, à faire de même. Nous exigeons des autorités chinoises la fin de cette politique de harcèlement à l’encontre de Zeng Jinyan », a ajouté Jean-François Julliard.
Zeng Jinyan, l’épouse de l’activiste et cyberdissident emprisonné Hu Jia, a été menacée d’expulsion de son domicile à Shenzhen (sud), dans lequel elle avait emménagé en avril 2011, avec sa petite fille de trois ans, suite aux pressions et à la surveillance permanente de la police au pied de sa résidence à Pékin. Elle cherchait également à éviter, après la libération de son mari prévue pour le 26 juin 2011, une possible assignation à domicile.
Zeng Jinyan anime un compte Twitter, sur lequel elle a informé des menaces d’expulsion qui pesaient contre elle et sa fille : « Les propriétaires ont été forcés de mettre fin à un contrat de location, j’ai reçu des menaces physiques. Combien de fois devra-t-on déménager ? Je sais que celle-ci n’est pas la dernière », écrit Zeng Jinyan, le 8 juin 2011.
Le même jour, dans un autre post, elle rend compte du harcèlement permanent et parfois indirect, des autorités : « Si j’essaie de trouver un travail, ils menacent mon patron. Si j’essaie de collaborer avec quelqu’un, ils menacent ce partenaire ».
En décembre 2007, Reporters sans frontières avait attribué un prix spécial « Chine » au couple de militants des droits de l’homme que forment Hu Jia et Zeng Jinyan. Alors assignés à résidence, les deux activistes continuaient, tant bien que mal, à informer le monde entier des conséquences néfastes pour la population chinoise des préparatifs des Jeux Olympiques.
L’année suivante, Hu Jia, défenseur des malades du sida, de l’environnement et de la liberté d’expression, a été reconnu coupable d' »incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat » et condamné à trois ans et demi de prison le 3 avril 2008. Zeng Jinyan avait été placée en résidence surveillée avec sa fille de quatre mois.
Par la suite, il s’était vu décerner, en son absence, le prix Sakharov « pour la liberté de pensée » en 2008 par le Parlement européen.