Le 11 février 2014, des officiers de l’Agence de sécurité nationale avaient arrêté à Mohamed Bare pour la publication sur le site de la Radio Danan de photos du vice-président de la région du Bas-Chebeli blessé au cours d’une attaque à la bombe.
Reporters sans frontières condamne avec force le harcèlement dont fait l’objet le directeur de la Radio Danan Mohamed Bare de la part des services de renseignement. Relâché le 13 février 2014 après trois jours d’emprisonnement arbitraire pendant lesquels il avait été torturé, il a été à nouveau convoqué le 24 février 2014 aux quartiers généraux des services de renseignements et de sécurité somaliens (National Intelligence and Security Agency – NISA).
« Ces arrestations et convocations à répétition sont un outil d’acharnement contre les médias en Somalie, en plus particulièrement contre radio Danan. Il semble que les services de renseignements se lancent dans une véritable chasse aux médias alors qu’il y a clairement d’autres priorités sécuritaires en Somalie auxquelles ils devraient dédier leur énergie », déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières.
« Arrêter les journalistes de façon abusive, les détenir sans charge et leur faire subir des mauvais traitements en prison ne fait que ternir l’image de ce régime qui essaie de se construire. Le nouveau ministre de la Communication devrait profiter de son arrivée pour saisir l’opportunité d’un climat apaisé avec les médias. Nous appelons les autorités à cesser la politique de harcèlement et de répression déployée par le gouvernement précédent et à garantir la sécurité des journalistes », ajoute-t-elle.
Mohamed Bare s’est présenté ce matin [le 25 février 2014] dans les quartiers généraux des services de renseignement, accompagné par le président de l’Association des médias indépendants de Somalie (SIMHA) Ismail Yussuf et d’autres membres de SIMHA mais il n’a pas été reçu. Il doit s’y rendre à nouveau demain [le 26 février 2014] pour être interrogé. Cette nouvelle convocation est liée à l’interview qu’il a accordée aux médias locaux après sa libération, dans laquelle il nommait certains agents de la NISA qu’il faudrait tenir pour responsables de sa mort s’il était assassiné.
Mohamed Bare avait déjà été arrêté et détenu dans d’atroces conditions. Le 11 février 2014, des officiers de l’Agence de sécurité nationale l’avaient arrêté en même temps qu’Ibrahim Mohamed Ali, directeur de Radio Haatuf, ainsi qu’un technicien de Radio Antenna, Eng. Abdikarim Fiidow, sur la route de Sayidka en périphérie de Mogadiscio, pour la publication sur le site de la Radio Danan de photos du vice-président de la région du Bas-Chebeli blessé au cours d’une attaque à la bombe. Les trois hommes de médias ont ensuite été emmenés dans les locaux de la NISA pour être interrogés puis détenus sans charge pendant trois jours dans la tristement célèbre prison de la NISA à Mogadiscio. Lors de leur incarcération, les deux directeurs de radio ont été torturés et menacés de mort s’ils continuaient à écrire sur le gouvernement. Les locaux de la Radio Danan ont été attaqués et ses employés menacés par des agents de la NISA pour avoir reporté sur l’arrestation de son directeur.
Libérés tous les trois le 13 février 2014, Mohamed Bare a continué lui à recevoir des menaces téléphoniques.
La Somalie est classé 176e sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.