(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, RSF s’est indignée contre la suspension sine die de l’hebdomadaire « Demain Magazine » et l’acharnement dont font preuve les autorités marocaines à l’égard d’Ali Lmrabet, directeur de publication. Robert Ménard a demandé au roi de « revenir sur cette décision qui montre, une nouvelle fois, l’empressement des […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, RSF s’est indignée contre la suspension sine die de l’hebdomadaire « Demain Magazine » et l’acharnement dont font preuve les autorités marocaines à l’égard d’Ali Lmrabet, directeur de publication. Robert Ménard a demandé au roi de « revenir sur cette décision qui montre, une nouvelle fois, l’empressement des autorités à museler les journaux indépendants ». « C’est vous, roi du Maroc, qui êtes responsable de la justice rendue dans le royaume. C’est donc à vous d’agir. Malgré vos discours, je constate que quand un média est vraiment indépendant, vous faites tout pour le faire taire », a-t-il ajouté.
Selon les informations recueillies par RSF, l’hebdomadaire « Demain Magazine » a été suspendu jusqu’à nouvel ordre le 11 décembre 2001. Le 10 décembre, le journal avait déjà été saisi par la police après sa mise en vente. Les autorités affirment que Lmrabet n’a pas payé l’amende à laquelle il avait été condamné alors que l’avocate de celui-ci affirme que « la somme exigée a été versée en dépit des manoeuvres dilatoires et d’atermoiements du parquet de Rabat dirigé par le procureur du Roi, Abdeslam Imani ». En effet, le 21 novembre, le directeur de publication avait été condamné à une peine de quatre mois de prison et à une amende de 30 000 dirhams (environ 2 600 $US ; 3 000 euros) par le tribunal de Rabat. Lmrabet était parvenu à réunir la somme qu’on avait exigé de lui le 4 décembre au soir. Le 7 décembre, le parquet de Rabat a tout d’abord refusé le chèque fourni par le journaliste, exigeant une lettre d’accompagnement. Une fois la lettre fournie, le parquet a réclamé la somme d’argent en liquide. L’avocate du journaliste de retour avec l’argent en liquide et la lettre, a alors trouvé la caisse du tribunal fermée et a appris que le procureur était absent. Quelques heures plus tard, l’amende était enfin payée. Dans le même temps, Lmrabet était informé que le distributeur de son journal avait été obligé de signer une déclaration dans laquelle il s’engageait à ne pas distribuer « Demain Magazine ».
Lmrabet était poursuivi pour « diffusion de fausses informations portant atteinte à l’ordre public ou susceptibles de lui porter atteinte ». L’article de « Demain Magazine » intitulé « Le Palais de Skhirat serait en vente », publié le 20 octobre, avait été qualifié par le procureur de première instance de Rabat de « tissu de fausses informations et d’allégations totalement mensongères ». « Ils veulent nous humilier. C’est le Maroc d’aujourd’hui », avait déclaré à RSF Lmrabet. Pour lui, les véritables raisons de ces poursuites sont, entre autres, la publication (dans le numéro du 27 octobre) des bonnes feuilles du dernier ouvrage de Jean-Pierre Tuquoi sur le Maroc, « Le Dernier roi », ainsi que ses articles sur Moulay Hicham, le cousin du roi. Alors que le journaliste avait décidé de ne pas faire appel, c’est le parquet qui a, le 1er décembre, interjeté appel dans cette affaire.