(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée, le 20 novembre 2001, au ministre de l’Intérieur, Bolat Iskanov, RSF a demandé aux autorités kazakhes d’ordonner le retrait de leurs troupes des locaux de la télévision populaire indépendante KTK et de respecter l’indépendance de la chaîne. « Les autorités kazakhes, prises en flagrant délit de censure, font l’erreur de […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée, le 20 novembre 2001, au ministre de l’Intérieur, Bolat Iskanov, RSF a demandé aux autorités kazakhes d’ordonner le retrait de leurs troupes des locaux de la télévision populaire indépendante KTK et de respecter l’indépendance de la chaîne.
« Les autorités kazakhes, prises en flagrant délit de censure, font l’erreur de croire que leurs atteintes à la liberté de la presse vont se noyer dans le contexte actuel de renforcement sécuritaire généralisé », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous vous demandons de faire cesser au plus vite cette inadmissible occupation armée », a ajouté Ménard.
D’après les informations recueillies par RSF, des troupes armées du ministère de l’Intérieur ont investi le 16 novembre le bâtiment de la télévision populaire indépendante kazakh KTK basée à Almaty (ex-Alma Ata), interrompant temporairement ses retransmissions. La chaîne a montré des soldats munis d’armes automatiques prenant position dans les locaux. Les forces de l’ordre seraient intervenues sur ordre du Conseil de sécurité du Kazakhstan, stipulant que dans le cadre du conflit en Afghanistan « toutes les installations stratégiques de la République du Kazakhstan doivent être surveillées par les troupes du ministère de l’Intérieur ». Selon un responsable de la chaîne, il est nécessaire de mettre un terme aux pressions que subissent les journalistes indépendants, aux écoutes téléphoniques et à la surveillance du courrier.
RSF rappelle que, depuis la réélection du président Nursultan Nazarbaïev en janvier 1999, au cours d’un scrutin critiqué par l’Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe (OSCE), les pressions se sont multipliées sur les médias indépendants ou d’opposition. Le 31 mars 2000, Tatiana Deltsova, une journaliste de la chaîne de télévision privée d’Almaty, Channel 31, avait été mise à pied. Dans son émission « Informbureau », elle avait mentionné les intimidations subies par des leaders de l’opposition (consulter l’alerte de l’IFEX du 24 avril 2000). En janvier, deux journalistes travaillant pour la même émission avaient été licenciés sous la pression des autorités, selon les responsables de la chaîne. Le 25 janvier, un tribunal de la région de Oust-Kamenogorsk (est du pays) avait accusé le journal « HBC-Press » « d’incitation à la révolte » et suspendu sa publication. Le 30 novembre 1999, les émissions des chaînes de télévision locales TV 29, Ispat Sfera et 43 Kanal, ainsi que la station privée Radio 102, avaient été suspendues par les autorités à Termirtau (Nord-Est), sous prétexte qu’elles fonctionnaient sans licence. Le 24 avril 2000, Nazarbaïev avait déclaré, dans un discours télévisé, que l’État « ne tolérerait pas les dérives, d’où qu’elles viennent », en particulier « les excès de langage ou l’interprétation erronée de la liberté d’expression et de la liberté de la presse ». Il avait également menacé de fermer les médias qui « s’opposent au système et noircissent cet État aux yeux du monde » (consulter l’alerte de l’IFEX du 26 avril 2000).