(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières se réjouit de la libération, le 19 avril 2009, de Fahim Kohdamani, journaliste et animateur de la chaîne de télévision privée Emroz, après plus de vingt-cinq jours de détention à Kaboul. Reporters sans frontières demande au parquet d’abandonner les poursuites pour « diffamation » et « insulte », d’autant plus que l’organisation a obtenu […]
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières se réjouit de la libération, le 19 avril 2009, de Fahim Kohdamani, journaliste et animateur de la chaîne de télévision privée Emroz, après plus de vingt-cinq jours de détention à Kaboul. Reporters sans frontières demande au parquet d’abandonner les poursuites pour « diffamation » et « insulte », d’autant plus que l’organisation a obtenu un document qui prouve que le journaliste a été arrêté suite à une plainte des autorités iraniennes.
« Il est déplorable qu’un journaliste afghan soit détenu comme un criminel suite à une plainte officielle de la République islamique d’Iran. Le procureur et le gouvernement doivent résister aux pressions étrangères qui conduisent à une application abusive de la loi sur la presse. Le journaliste n’a fait que dénoncer certaines superstitions religieuses », a affirmé l’organisation.
Reporters sans frontières a obtenu la copie d’une lettre adressée le 23 mars dernier par Fada Hossein Maleki, ambassadeur extraordinaire de la République islamique d’Iran, à Mohamad Ehssagh Alko, procureur général d’Afghanistan. Le diplomate iranien lui demande d’entamer des « poursuites légales » contre la chaîne Emroz accusée d’insultes envers de « hauts responsables de la République islamique d’Iran », citant notamment le président Mahmoud Ahmadinejad. La lettre précise que la chaîne a mené des « actions suspectes, séparatistes et insultantes » qui doivent être punies en vertu du code pénal afghan. L’ambassadeur iranien menace le procureur d’une « influence négative » sur les relations entre les deux pays si aucune action préventive n’est menée contre Emroz.
Interrogé par l’organisation, Fahim Kohdamani a expliqué que lors des interrogatoires, les agents du parquet lui ont principalement posé des questions sur sa position à propos de l’ayatollah Khomeiny. Selon eux, dans une émission de la chaîne, Obor Az Khat (« Au-delà de la ligne ») consacrée à un livre du fondateur de la Révolution islamique, le journaliste aurait critiqué certains passages de l’oeuvre. Le journaliste a expliqué qu’il n’attaquait pas l’ayatollah Khomeiny, mais qu’il dénonçait certaines superstitions liées à la religion. « Dans mon émission, je lutte pour que les religions ne soient pas utilisées au nom d’intérêts personnels et politiques », a déclaré Fahim Kohdamani au téléphone.
« Je n’ai pas été maltraité, mais ce n’est pas supportable pour un innocent d’être incarcéré avec des tueurs et des trafiquants. (. . .) J’attends toujours la prochaine convocation de la justice (. . .) Et malheureusement, je ne peux pas compter sur la Commission de vérification des médias, car les conservateurs y sont majoritaires », a précisé le journaliste d’Emroz.
Reporters sans frontières avait dénoncé l’arrestation de Fahim Kohdamani: http://www.rsf.org/article.php3?id_article=30664
Dans un récent rapport d’enquête sur la liberté de la presse en Afghanistan, l’organisation avait alerté sur l’influence grandissante de la République islamique d’Iran sur certains médias afghans: http://www.rsf.org/article.php3?id_article=30587