RSF s'inquiète de la situation de Joaquin Briones, rédacteur au "Masbate Tribune", victime du harcèlement d'un homme politique local après avoir critiqué la "mauvaise gouvernance du vice gouverneur provincial".
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières s’inquiète de la situation de Joaquin Briones, rédacteur au « Masbate Tribune », victime du harcèlement d’un homme politique local, dans la province de Masbate (centre). Après avoir critiqué la « mauvaise gouvernance du vice gouverneur provincial », le journaliste philippin est attaqué en diffamation et risque d’être emprisonné à nouveau.
« Les multiples attaques dont fait l’objet Joaquin Briones sont très inquiétantes. Elles illustrent les abus de pouvoir des autorités locales. Récemment aux Philippines, quand les journalistes ne sont pas assassinés, ils sont victimes de l’acharnement de certains cercles de pouvoir qui ne supportent aucune critique à leur encontre, » a déclaré l’organisation.
Contacté par Reporters sans frontières, Joaquin Briones a expliqué que le bureau du procureur de la ville de Masbate a transmis cinq plaintes pour diffamation aux tribunaux locaux appropriés. Le journaliste fait l’objet de plusieurs plaintes suite à des articles critiques envers des personnalités locales. Il critiquait notamment le vice gouverneur Vince Revil pour des affaires concernant des emplois fictifs et la construction d’une centrale électrique à charbon. Le vice gouverneur a porté plainte en diffamation à deux reprises, et trois autres plaintes émanent de la compagnie Masbate Electric Cooperative, dont le conseiller juridique est également l’avocat et l’oncle du vice gouverneur. Joaquin Briones a demandé que les plaintes soient déclarées irrecevables, mais n’espère pas obtenir gain de cause de la part de juges locaux qui soutiennent le vice gouverneur.
Joaquin Briones a déjà passé cinq années en prison après avoir été condamné dans plusieurs affaires de diffamation. Libéré sur parole en 2005, il avait repris ses activités de journaliste dans la ville de Masbate. Selon la National Union of Journalists of the Philippines, le vice gouverneur se serait appuyé sur ces plaintes pour essayer de révoquer la mesure de liberté sur parole dont bénéficie le journaliste.
La situation des professionnels des médias aux Philippines s’est gravement détériorée ces derniers mois. Quatre journalistes ont été assassinés depuis le début de l’année, et les journaux locaux rapportent encore récemment des violences commises par les forces de l’ordre au cours de manifestations.