Il est urgent que le gouvernement et l'opposition s'engagent à assurer la liberté de mouvement et d'interview pour tous les médias, sans distinction de leur ligne éditoriale, a déclaré RSF.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières appelle les différents partis politiques et candidats en lice pour les élections de janvier 2010 à faire de la liberté de la presse, et notamment de la protection des journalistes, une priorité. « Sans liberté des médias, ces élections cruciales pour le futur du pays ne pourront être qualifiées de démocratiques. Il est urgent que le gouvernement et l’opposition s’engagent à assurer la liberté de mouvement et la liberté d’interview pour tous les médias, sans distinction de leur ligne éditoriale. Il est également nécessaire que la presse et les chaînes d’Etat assurent une couverture équilibrée de la campagne, ce qui n’est absolument pas le cas actuellement. En obligeant les médias gouvernementaux à faire campagne contre l’opposition, le chef de l’Etat met les journalistes en danger, ces derniers devenant par la force des choses les porte-parole du gouvernement », a affirmé l’organisation.
« Le maintien de l’interdiction adressée à la presse de se rendre dans le Nord et l’agression de sept journalistes de chaînes d’Etat en marge d’un meeting du parti d’opposition UNP, augurent mal du climat dans lequel va se tenir ce scrutin », a déclaré Reporters sans frontières.
Le 5 décembre 2009, sept journalistes des chaînes de télévision gouvernementales Rupavahini et ITN ont été légèrement blessés près de la salle où se tenait un congrès de l’UNP à Colombo, leurs équipements professionnels ont été endommagés. Interrogé par Reporters sans frontières, Ravi Karunanayake, un député de l’UNP, a déclaré que son parti n’était en rien impliqué dans cet incident, confirmant que ces journalistes n’avaient pas été invités au rassemblement. « Tant que les médias d’Etat donneront une version biaisée de nos activités, nous ne les inviterons pas. Nous avons accrédité une centaine de journalistes à cet événement, et personne ne s’est plaint d’une quelconque violence », a précisé ce responsable politique. L’opposition a même accusé le gouvernement d’avoir monté de toutes pièces cette agression pour l’utiliser à des fins politiques.
« Les partisans de l’opposition peuvent être excédés par la manière extrêmement biaisée qu’ont les médias d’Etat de couvrir l’actualité politique, mais ce type de violences nuit à leur message », a déclaré Reporters sans frontières.
De fait, le ministre des Médias, Anura Priyadharshana Yapa, a tenu une conférence de presse pour exprimer la « colère » du gouvernement face à cet incident. Une plainte a été déposée.
Cette condamnation du ministre intervient quelques jours après que le gouvernement avait décidé de prolonger l’interdiction imposée à la presse de se rendre dans le nord du pays où des dizaines de milliers de civils tamouls viennent d’être autorisés à quitter les camps de détention.
A Jaffna, les trois principaux quotidiens tamouls ont reçu, le 24 novembre dernier, des lettres de menaces de mort, les accusant de faire le jeu des « terroristes ».
Enfin, il est essentiel que le journaliste tamoul J.S. Tissainayagam soit libéré, dans la mesure où sa condamnation ne repose sur aucune preuve solide. Sa détention menace clairement la liberté d’expression des journalistes tamouls.