Le journaliste Modeste Shabani est averti de faire attention pour la prochaine fois, car "toute vérité n'est pas bonne à dire".
(JED/IFEX) – Journaliste en danger (JED) est outré par les menaces et le harcèlement dont est victime un journaliste à Kasongo, territoire situé à 250 km de Kindu, capitale de la province de Maniema à l’Est de la RDC, de la part des autorités politico-administratives de cette province. JED demande instamment à ces autorités de mettre fin à ces pratiques et de s’assurer que les médias continuent de faire leur travail en toute liberté et sécurité.
Selon les informations recueillies par JED, Modeste Shabani, journaliste à la Radio Sauti ya Mkaaji, une station émettant à Kasongo, a été convoqué et entendu, lundi 11 janvier 2010, pendant près de deux heures par M. Banamuwere Sikira, administrateur du territoire de Kasongo.
Cette convocation a été précédée par plusieurs appels téléphoniques et des messages anonymes de menace contre Shabani à la suite de la diffusion, le 10 janvier dans la soirée, de l’émission « Expression citoyenne ».
Au cours de cette émission à téléphone ouvert qui recevait quelques acteurs politiques et des membres de la société civile, les participants ont dressé un bilan négatif de l’action du gouvernement provincial. Dès le lendemain de cette émission, le journaliste a reçu un appel téléphonique de M. Banamuwere l’invitant de se présenter, dans l’après-midi, dans son bureau. Quelques heures après, c’était le tour d’un employé du gouvernorat de la province d’appeler le journaliste pour l’avertir qu’il y a une « cabale » qui est en train d’être montée contre lui. Quelques instants après, un officier de la Police nationale congolaise rencontré sur la route a dit à Shabani que les autorités provinciales n’ont pas apprécié le contenu de son émission.
Contacté par JED à l’issue de son interrogatoire à l’Administration du territoire, Modeste Shabani a confirmé les menaces et déclaré qu’il s’était expliqué longuement sur le contenu de l’émission incriminée et les propos tenus par les intervenants. « L’administrateur du territoire n’a pas jugé le contenu de l’émission diffamatoire, c’est alors qu’il m’a laissé partir tout en me disant de faire attention pour la prochaine fois, car toute vérité n’est pas bonne à dire », a-t-il conclu.