Les sites d'informations indépendants Lankaenews, Lankanewsweb, Infolanka et Sri Lanka Guardian sont actuellement bloqués par le principal fournisseur d'accès public.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce les nouvelles limitations imposées à la liberté d’expression sur Internet au Sri Lanka. Les sites d’informations indépendants Lankaenews, Lankanewsweb, Infolanka et Sri Lanka Guardian sont actuellement bloqués dans le pays par le principal fournisseur d’accès public.
« Alors que les résultats de cette élection présidentielle très serrée vont être prononcés dans quelques heures, le gouvernement bloque l’accès à plusieurs sites indépendants. Cette stratégie de censure trahit la nervosité et les tentatives de manipulation d’un gouvernement aux abois. La libre circulation de l’information lors d’une élection est l’une des rares garanties pour prévenir des fraudes massives. Nous appelons le gouvernement sri lankais à rétablir ces sites comme l’a d’ailleurs demandé la Commission électorale, » a déclaré Reporters sans frontières.
Un journaliste de Lankaenews, qui souhaite conserver l’anonymat, a confirmé à Reporters sans frontières que depuis le matin du 26 janvier, Sri Lanka Telecom (SLT), le principal fournisseur d’accès du pays, a rendu ce site inaccessible au Sri Lanka. Il est en revanche possible d’y accéder depuis l’étranger. D’autres internautes ont signalé à l’organisation que ce site est toutefois accessible via le fournisseur d’accès privé Dialog Wemax.
« D’après une source travaillant pour SLT, des directives verbales auraient été données pour bloquer le site. Nous nous sommes plaints auprès de la Commission électorale qui a saisi SLT. Nous avons également sollicité le président de SLT. Nous n’avons pas reçu de réponse pour le moment », a expliqué le journaliste. « La rédaction a reçu des menaces téléphoniques telles que: ‘Nous venons vous occuper de vous.' »
Le journaliste a également précisé qu’il n’a pour le moment reçu aucune nouvelle de son confrère, l’analyste politique Prageeth Eknaligoda, disparu depuis le 24 janvier au soir. Il venait de publier une longue analyse comparative des deux principaux candidats à l’élection présidentielle, dans laquelle il affirmait sa préférence pour celui de l’opposition. Ses collègues redoutent que sa disparition ne soit liée à ce texte. Un collègue de Prageeth Eknaligoda aurait vu son domicile perquisitionné le matin du 26 janvier par la police.
Cette nouvelle forme de censure intervient dans un contexte de propagande à outrance et d’intimidations, dans le cadre de l’élection présidentielle de ce jour.
Le Sri Lanka avait été ajouté en mars 2009 à la liste des « pays sous surveillance » en ce qui concerne la liberté d’expression sur Internet. Une liste rendue publique chaque année par Reporters sans frontières à la mi-mars, lors de la Journée internationale contre la cyber censure. L’organisation avait exprimé son inquiétude face au blocage de sites en tamoul mais aussi du site de l’organisation Human Rights Watch. Le site Lankadissent avait cessé ses activités en janvier 2009 à la suite de menaces.