Les journalistes enquêtaient sur des allégations de détournements des deniers publics dans un pays qui est compté parmi les plus corrompus de la planète.
(JED/IFEX) – Journaliste en danger (JED) s’inquiète des poursuites judiciaires engagées contre un groupe de journalistes de la presse privée à Douala, capitale économique de la République du Cameroun, accusés d’avoir commenté des procédures judiciaires en cours. JED demande instamment aux autorités judiciaires camerounaises de ne pas entraver le travail de la presse lorsqu’elle mène des investigations sur des allégations de détournements des deniers publics et de corruption, alors que le Cameroun est compté parmi les pays les plus corrompus de la planète.
Selon les informations concordantes recueillies par JED, les journalistes Anani Rabier Bindji (Canal 2 International), Thierry Ngogang (STV2), Aboya Endong Manasse (Africa Top secret) et Alex Gustave Azebaze (Aga Media) ont comparu, mardi 9 février 2010, devant le tribunal de première instance de Bonanjo à Douala.
Le Procureur de la République du Wouri reproche à ces journalistes d’avoir commenté, lundi le 1er juin 2008, lors de l’émission intitulée « Carte sur table » diffusée par la chaîne de télévision privée STV2, des procédures judiciaires en cours relatives à « l’opération Epervier » mise sur pieds par le gouvernement camerounais pour traquer les détourneurs des deniers publics et à l’affaire Albatros, nom de l’avion présidentiel acquis en 2004 dans des conditions jusque-là mal élucidées. La citation du Procureur fait état de la détention par les journalistes d’un document frappé du secret professionnel en l’occurrence une copie du PV d’audition d’une des personnalités interrogées par la direction de la Police judiciaire à Yaoundé.
Contacté par JED, Azebaze a déclaré que l’audience a été renvoyée au mardi 9 mars 2010 à la demande des avocats d’un des prévenus.