"Les autorités multiplient les effets d'annonces en déclarant vouloir protéger la moralité du pays, mais en fait pour conserver le monopole de l'information", affirme RSF.
(RSF/IFEX) – Le 16 avril 2010, Ali Abbasov, ministre des Communications, a déclaré qu’il était nécessaire de réguler Internet en mettant en place un système de licences pour les télévisions sur Internet. Des déclarations reprises, le 22 avril, par Nushiravan Magerramli, président du Conseil national de l’audiovisuel.
Reporters sans frontières s’inquiète que les autorités azerbaïdjanaises cherchent à instaurer le contrôle d’Internet à l’approche des élections parlementaires de novembre 2010. « Les autorités multiplient les effets d’annonces en déclarant vouloir protéger la moralité du pays, mais en fait pour conserver le monopole de l’information. Elles contrôlent déjà la plupart des chaines de télévision et des rédactions de la presse écrite et s’attaquent aujourd’hui, sans vergogne, à Internet. Une telle attitude est contraire aux engagements du pays pris auprès de l’OSCE et du Conseil de l’Europe », a déclaré l’organisation.
Fin mars, Farid Karimov, directeur du Centre d’Information, une organisation proche du gouvernement, avait conseillé au gouvernement de se préoccuper de la moralité sur Internet, jugeant certains sites contraires à la morale du pays. Il avait insisté sur les conséquences négatives de ces sites sur la jeune génération en citant la pornographie, la violence et le radicalisme.
À l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, le 3 mai, plusieurs journalistes et avocats ont participé à une table ronde et exprimé leurs inquiétudes sur les conséquences d’une telle loi. Ils ont dénoncé une volonté des autorités de renforcer la mainmise des autorités sur les médias. L’accès au Web est déjà limité, dans les faits, en Azerbaïdjan par une connexion Internet très coûteuse, dix fois plus chère qu’en Turquie.
Deux blogueurs, Adnan Hadjizade et Emin Milli sont toujours emprisonnés pour avoir critiqué le régime et dénoncé la corruption dans une vidéo satirique postée en ligne. Leur condamnation a été confirmée en appel le 10 mars. Leurs avocats ont, le 29 avril, porté l’affaire devant la Cour suprême. Les deux blogeurs ont été condamnés, le 11 novembre 2009, respectivement à deux ans et deux ans et demi de prison ferme. Reporters sans frontières s’est associée à une manifestation organisée le 22 janvier devant l’ambassade azerbaidjanaise à Paris.