(RSF/IFEX) – RSF a demandé au procureur de la République l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, à l’occasion de sa visite en France à partir du 11 octobre 2001. Représentée par Maître Sophie Coupry, RSF souhaite que la justice française examine la responsabilité de Compaoré dans des actes […]
(RSF/IFEX) – RSF a demandé au procureur de la République l’ouverture d’une information judiciaire à l’encontre du président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, à l’occasion de sa visite en France à partir du 11 octobre 2001. Représentée par Maître Sophie Coupry, RSF souhaite que la justice française examine la responsabilité de Compaoré dans des actes de torture commis par des membres de la garde présidentielle, dont il est le supérieur hiérarchique. La législation française ayant intégré la convention contre la torture de 1984 dans son droit interne, le juge français a compétence pour juger les responsables d’actes de torture même si ces exactions n’ont pas été commises sur son territoire, ni à l’encontre d’un de ses ressortissants.
Le 13 décembre 1998, Norbert Zongo, directeur de « L’Indépendant », et trois de ses compagnons ont été assassinés à Sapouy (100 km au sud de Ouagadougou). Le journaliste avait longuement enquêté sur la mort de David Ouédraogo, chauffeur de François Compaoré, conseiller à la présidence et frère du chef de l’État. Soupçonnés de vol, Ouédraogo et trois autres employés de François Compaoré avaient été arrêtés, en décembre 1997, par des hommes de la garde rapprochée de Blaise Compaoré et détenus pendant plusieurs semaines dans les bâtiments qui abrite la garde présidentielle. Ouédraogo est mort des suites de tortures qui lui ont été infligées.
La commission d’enquête indépendante, créée pour faire la lumière sur la mort de Zongo, a établi dans son rapport final, rendu public le 6 mai 1999, que le journaliste avait été assassiné « à la suite de ses investigations dans l’affaire Ouédraogo ». La commission avait alors mis en cause six membres de la garde présidentielle.
Si des condamnations ont été prononcées dans l’affaire Ouédraogo, la justice du Burkina Faso n’a poursuivi que les seuls exécutants de ces crimes. Ni Blaise Compaoré, ni son frère François n’ont été inquiétés. En saisissant la justice française, RSF souhaite en finir avec l’impunité qui règne au Burkina Faso.