Un officier militaire a violemment battu le journaliste Ahmadi à la tête, au visage et à la poitrine et l'a menacé de tuer les membres de sa famille s'il ne se rétractait pas sur le contenu de son article.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est extrêmement préoccupée par le sort d’Ahmadi, journaliste du quotidien local « Harian Aceh », qui a été contraint d’entrer dans la clandestinité suite à des violences et des menaces d’un officier de l’armée indonésienne.
« Au lendemain de la Journée mondiale de l’environnement, le 5 juin, il est inacceptable qu’un journaliste subisse un tel traitement pour avoir publié des informations sur la déforestation. Les autorités indonésiennes et notamment le ministre de la Défense, doivent réagir en sanctionnant l’officier à l’origine de ces menaces », a affirmé l’organisation.
Dans le récent rapport « Des enquêtes à hauts risques : Déforestation et pollutions », Reportes sans frontières a montré qu’en Indonésie, championne du monde de la déforestation, des journalistes locaux ou étrangers sont régulièrement menacés ou achetés pour leurs reportages sur ce sujet.
Le 19 mai 2010, Ahmadi du « Harian Aceh » et Aziz, journaliste de « News Investigasi Medan », se sont rendus dans le district d’Alapan, province d’Aceh (Ouest), pour enquêter sur une inondation. Ils y ont constaté que des coupes massives de bois avaient lieu sur des parcelles appartenant au commissariat du district d’Alapan.
Interpellés par cette déforestation, ils ont contacté le lieutenant Faisal Amin pour obtenir un commentaire sur cet abattage illégal. Mais celui-ci leur a demandé de ne rien publier à ce sujet. Le 21 mai, un article d’Ahmadi a été publié, mentionnant l’implication de l’officier Faisal Amin dans ce trafic illégal de bois. Le jour même, le journaliste a été « invité » par le lieutenant dans une base militaire. Arrivé sur place, le journaliste s’est vu confisquer son téléphone et son ordinateur portables. Quand le journaliste a essayé de reprendre son téléphone, le militaire a tiré, heureusement dans une autre direction que le journaliste, tout en criant : « Menteur! Ça fait trois fois que tu m’humilies. Je t’avais dit de ne pas publier ton article, mais il fallait que tu insistes. »
Le militaire a ensuite violemment battu Ahmadi à la tête, au visage et à la poitrine. Il l’a menacé de tuer les membres de sa famille si le journaliste ne se rétractait pas sur le contenu de son article. Mais Ahmadi a refusé. Après quatre heures de mauvais traitements, Ahmadi a été relâché. Il a porté plainte au commissariat du district de Simeulue avant d’aller à l’hôpital.
Depuis, Yuli Maroko, responsable des relations publiques de l’armée, a confirmé que le journaliste avait été violenté par « un officier militaire », mais aucune action n’a été menée contre l’officier. Des militaires ont été envoyés pour protéger la famille du journaliste à son domicile.
Depuis cet incident, le reporter vit caché, loin de sa famille. Il a déclaré à Reporters sans frontières : « Je veux que la justice soit faite et que mon agresseur soit traduit devant un tribunal civil. Je demande également une protection pour ma famille et moi-même, pendant et après le procès. Malgré la nomination d’un nouveau commandant du district de Simeulue et les efforts de celui-ci pour me rassurer sur notre sécurité, je suis inquiet. »