"Mahmudur Rahman a été accusé en l'espace de quelques jours de fraude, d'obstruction au travail de la police, d'avoir imprimé des affiches d'un mouvement interdit, puis de sédition", selon RSF.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières est indignée par les accusations de « sédition » formulées contre Mahmudur Rahman, directeur du journal « Amar Desh ». L’organisation demande également à la chef du gouvernement, Sheikh Hasina, de garantir l’intégrité physique du journaliste d’opposition qui pourrait avoir été maltraité depuis son arrestation le 2 juin 2010.
« Mahmudur Rahman a été accusé en l’espace de quelques jours de ‘fraude’, d’obstruction au travail de la police, d’avoir imprimé des affiches d’un mouvement interdit, puis de ‘sédition’. Nous dénonçons un acharnement politique contre un directeur de publication d’opposition. Nous redoutons que cette affaire soit une illustration tragique du retour aux pratiques anti-démocratiques, de harcèlement des personnalités d’opposition. Nous demandons sa libération », a affirmé l’organisation.
Selon le témoignage recueilli par Reporters sans frontières d’un journaliste détenu dans le passé pour sédition, « les cellules sont sales, les toilettes infectées, et la nourriture et l’eau rares. Les interrogatoires ont normalement lieu le soir, et les mauvais traitements sont communs. »
Cette accusation de « sédition » permet aux autorités de le détenir pour une durée indéterminée dans l’attente du verdict d’un tribunal compétent. L’ordre de porter cette accusation très grave a été validé par le ministre de l’Intérieur du gouvernement de la Ligue Awami. Selon la police, Mahmudur Rahman aurait rencontré un groupe de fonctionnaires accusés d’avoir comploté en 2006 contre la tenue d’élections nationales.
Mahmudur Rahman est cité dans deux autres nouvelles affaires : complicité dans la tentative par une centaine de militants de l’organisation de jeunesse du parti d’opposition, BNP, de l’arracher des mains de la police lors de son transfert du tribunal vers la prison ; et impression de matériel de propagande du mouvement islamiste interdit Hizb-ut-Tahrir.
Par ailleurs, la Haute Cour de Dacca a ordonné, le 8 juin, à cinq journalistes du journal suspendu, « Amar Desh », de se présenter à leur procès pour « obstruction à la justice ». Ils avaient tenté de résister à la perquisition de plus d’une centaine de policiers dans les locaux du quotidien.
Enfin, la Haute Cour examine une demande d’annulation de la décision de retrait de la licence de ce quotidien national proche du parti d’opposition BNP.