Porte-parole du Centre des défenseurs des droits de l'homme, Narges Mohammadi est également l'épouse du journaliste Taghi Rahmani, qui a passé seize ans de sa vie dans les prisons de la République islamique d'Iran.
(RSF/IFEX) – La journaliste Narges Mohammadi, porte-parole du Centre des défenseurs des droits de l’homme et collaboratrice de la Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi, a été arrêtée à son domicile dans la soirée du 10 juin 2010 par des agents du ministère des Renseignements. Sa famille ignore le motif de son arrestation et son lieu de détention.
Narges Mohammadi est l’épouse du journaliste Taghi Rahmani, qui a passé seize ans de sa vie dans les prisons de la République islamique d’Iran. Depuis dix ans, ce couple est victime d’un acharnement des services du régime. Depuis juin 2009, ils ont été convoqués et interrogés à plusieurs reprises par les agents du ministère des Renseignements.
Quelques heures avant l’arrestation de Narges Mohammadi, la télévision d’Etat avait diffusé une émission ciblant Shirin Ebadi, qui mettait en scène les aveux du mari de la prix Nobel de la paix.
Le Centre des défenseurs des droits de l’homme, fondé par six avocats dont Shirin Ebadi, défend les droits des minorités, des dissidents et des journalistes en leur fournissant notamment une aide juridique gratuite. Le 21 décembre 2006, la police iranienne avait fermé les bureaux de l’organisation. Considéré comme illégal depuis le 5 août dernier, le centre est toujours la cible des attaques du pouvoir. Le 29 décembre dernier, le cabinet d’avocat de Madame Ebadi a fait l’objet d’une perquisition. Mohamed Ali Dadkhah et Abdolfatah Soltani, avocats de nombreux journalistes et cyberdissidents, et membres fondateurs du Centre des défenseurs des droits de l’homme, ont été arrêtés en juin 2009 et ont été détenus pendant plusieurs mois.
Le 10 juin, Shirin Ebadi a reçu le diplôme de « citoyenne d’honneur de la ville de Paris », remis par le maire de la ville, Bertrand Delanoë. Au cours de cette cérémonie, la prix Nobel de la paix a officiellement lancé une campagne pour la libération des prisonniers d’opinion en Iran, organisée par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et Reporters sans frontières (RSF).
« Nous sommes à la veille d’un triste anniversaire. Il y a un an, les Iraniens descendaient par millions dans la rue, de manière pacifique, pour exprimer leur protestation contre le résultat des élections. La seule réponse de l’Etat a été les balles et la violence », a rappelé Mme Ebadi.
Par ailleurs, Reporters sans frontières a appris que Hider Karimi, journaliste de l’hebdomadaire « Sina », suspendu depuis décembre 2009, a été arrêté le 9 juin à son domicile lors d’une perquisition d’agents en civil du ministère des Renseignements dans la ville de Khoy. On ignore toujours les motifs de son arrestation et le lieu de sa détention.