Les journalistes et les médias étrangers désirant entrer dans le pays pour effectuer des tournages de films ou de documentaires sont désormais assujettis à d'énormes frais administratifs non remboursables.
(MFWA/IFEX) – Dans un arrêté en date du 3 juin 2010, le gouvernement de transition au Niger a fixé de nouvelles réglementations se rapportant aux médias que les médias et la société civile du pays considèrent comme une obstruction à la libre circulation d’information et une atteinte aux activités des organes des médias étrangers et leurs journalistes.
Selon le correspondant de la Fondation pour les Médias en Afrique de l’Ouest (MFWA), cet arrêté signé par la ministre de la Communication, des Nouvelles Technologies et de la Culture, Madame Aminata Tacoubakoye, exige que les journalistes étrangers ainsi que les organes des médias qui désirent entrer dans le pays pour effectuer des tournages de films ou de documentaires demandent l’autorisation de son ministère et payent, en outre, d’énormes frais administratifs non remboursables.
En plus, le décret ordonne aux agences de presse étrangères de déposer une copie originale de leur produit auprès de la direction de la communication dudit ministère.
L’article 6 de l’arrêté précise que: « Le demandeur d’autorisation de tournage ou de reportage doit, avant de pénétrer sur le territoire nigérien, être en possession de la copie de l’autorisation signée par le ministre de la Communication. » Ce même arrêté précise que: « Désormais, tout média étranger, agence de production, association ou organisation non gouvernementale (ONG) qui désire se rendre au Niger pour réaliser des films documentaires ou tout autre reportage doit verser une somme d’argent. »
D’après le correspondant, les chaînes de télévision étrangères et les agences de production doivent payer une somme de 2 millions de FCFA (environ 3 700 $US) alors que les stations de radio paieraient un million de FCFA (environ 1850 $US); le montant pour la presse écrite est fixé à 500 000 FCFA (environ 925 $US).
Nonobstant le versement de ces frais, les agences ne sont pas exemptées du paiement des droits, taxes et impôts en vigueur.
« Ces nouvelles mesures prises constituent de véritables obstructions à l’accès à l’information publique au Niger. C’est un recul de la démocratie (. . .) », a déclaré Boubacar Diallo, président de l’Association Nigérienne des Éditeurs de la Presse Indépendante (ANEPI).
Dans une autre situation, le 14 juin, l’Observatoire National de la Communication (ONC), l’organe chargé de la régulation des médias au Niger, a autorisé la réouverture de la radio privée Sahara FM, qui émet à Agadez, une ville située au nord du pays. Cette station FM fut fermée le 21 avril 2008 par le régime du Président Mamadou Tandja après avoir été reprochée de « diffusion d’informations susceptibles d’inciter à la haine ». Les autorités accusaient Sahara FM de saper le moral des militaires nigériens qui luttaient contre le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ), un mouvement touareg.