La gendarmerie de Maintirano a porté plainte contre Alphonse Afakandro suite à la diffusion d'un reportage relatant les agissements de gendarmes locaux contre des pêcheurs de tortues de mer.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières s’inquiète de la mise en examen, pour « diffamation par voie de presse, injures et diffusion de fausses nouvelles », du journaliste de la radio Mandomba an’i Melaky, Alphonse Afakandro. La gendarmerie de Maintirano (Ouest) a porté plainte contre le journaliste suite à la diffusion d’un reportage relatant les agissements de gendarmes locaux contre des pêcheurs de tortues de mer.
Arrêté le 10 juin 2010 par les forces de l’ordre, le journaliste a été auditionné le jour-même par le procureur de la République qui a ordonné sa remise en liberté provisoire jusqu’à la tenue de son procès le 27 juin.
« Nous déplorons l’arrestation de ce journaliste qui n’a fait que dénoncer une pratique courante sur l’île : la complaisance des gendarmes face au braconnage des tortues, une espèce pourtant protégée. Cette affaire est symptomatique des difficultés qu’ont les journalistes pour rendre compte de la corruption des autorités locales et des atteintes à la nature et à l’environnement. Elle révèle aussi une face cachée de la presse malgache ; loin d’Antananarivo, les journalistes établis en province sont également inquiétés. Nous attendons du procès du journaliste qu’il aboutisse à l’acquittement de ce dernier », a déclaré l’organisation.
Selon le quotidien « La Vérité », le journaliste a été arrêté « par une douzaine de policiers et de gendarmes, armés de kalachnikovs et de pistolets automatiques [ . . . ] Les hommes en treillis n’ont pas montré de convocation et encore moins de mandat d’arrêt. » Le journaliste venait de diffuser un reportage affirmant que des gendarmes avaient saisi des tortues de mer capturées par des pêcheurs de la localité et étaient repartis avec les espèces protégées. Les pêcheurs indiquaient que les gendarmes n’avaient jamais remis les tortues de mer à l’administration maritime, mais les avaient conservées pour les consommer.
En régions, à Madagascar, les correspondants de la radio et de la télévision nationale reçoivent régulièrement des menaces de la part des autorités locales dès qu’une information déplaît à ces dernières.
Les radios privées ne sont pas en reste. A Miandrivazo (Ouest), elles n’osent plus faire de revues de presse ni accueillir des invités de peur de subir les foudres des autorités locales. A Antanifotsy (Centre), les informations de la radio Vary sy Rano sont censurées depuis décembre 2009 par le chef de district, qui juge cette station privée critique vis-à-vis des autorités locales.
Reporters sans frontières a publié, le 3 juin 2010, un rapport intitulé « Des enquêtes à hauts risques : Déforestation et pollutions », rendant compte de l’augmentation des exactions à l’égard des journalistes qui s’intéressent aux dégradations de l’environnement.