(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communqué de presse de RSF, daté du 28 septembre 2001 : UNION EUROPEENNE – FEDERATION DE RUSSIE SOMMET DE BRUXELLES RSF s’inquiète des menaces sur la liberté et le pluralisme de l’information en Russie Dans un courrier adressé, le 28 septembre 2001, au Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, président en exercice […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communqué de presse de RSF, daté du 28 septembre 2001 :
UNION EUROPEENNE – FEDERATION DE RUSSIE
SOMMET DE BRUXELLES
RSF s’inquiète des menaces sur la liberté et le pluralisme de l’information en Russie
Dans un courrier adressé, le 28 septembre 2001, au Premier ministre belge, Guy Verhofstadt, président en exercice de l’Union européenne, Reporters sans frontières (RSF) s’est inquiétée de la dégradation continue de la situation de la liberté de la presse en Russie ces derniers mois.
« Nous craignons que la liberté et le pluralisme de l’information, déjà sérieusement mis en cause depuis un an, fassent encore les frais d’un durcissement prévisible de la politique du président Poutine, dans le Caucase, et vis-à-vis des médias indépendants », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. « Au moment où la relation Union européenne-Russie est susceptible d’être renforcée dans le cadre de la lutte antiterroriste, il est plus important que jamais de rappeler les autorités russes au respect de leurs obligations en matière de droits de l’homme. Nous vous demandons d’évoquer avec le président Poutine l’importance pour la Russie du respect de la liberté de l’information dans le cadre de ses relations avec l’Union européenne », a ajouté M. Ménard.
Interdiction de couvrir le conflit tchétchène
La mafia du kidnapping qui opère en Tchétchénie, mais également les forces russes, font peser une menace toujours plus lourde sur les journalistes couvrant le conflit tchétchène. Les médias russes ont interdiction de rapporter les propos des principaux leaders tchétchènes, dont le président Aslan Maskhadov. En cas de non-respect de cette règle, le ministère de l’Information retire, après avertissements, la licence du média en faute et suspend, voire menace d’interdire, sa diffusion en Russie. Les organes de presse étrangers connaissent parallèlement des difficultés croissantes à exercer leur activité et les accréditations pour la Tchétchénie sont, dans les faits, impossibles à obtenir. Selon les informations recueillies par RSF, un journaliste japonais indépendant, Kosuke Tsuneoka, qui serait, selon ses proches, parti en reportage en Tchétchénie, n’a plus donné de nouvelles depuis la fin juillet.
Deux journalistes assassinés
Par ailleurs, les médias indépendants sont l’objet de violences et de pressions toujours croissantes de la part des autorités régionales dans les différentes républiques de la Fédération de Russie. Le 20 juillet 2001, Dmitry Ermakov, reporter pour le Chernomorskij Kur’er’ et le Krasnodar Izvestia, a été retrouvé mort après défenestration du quatrième étage de son domicile dans la région de Krasnodar. Ses collègues ont indiqué que Dmitry Ermakov leur avait dit avoir découvert « des informations exclusives » mettant en cause l’implication d’autorités locales dans des affaires criminelles. Le 18 septembre 2001, Edouard Markevitch, éditeur du journal régional Novy reft, a été tué par balles, à Reftinsky dans la région de Sverdlosk. Très critique envers les autorités locales, ce professionnel des médias avait déjà été victime de multiples pressions.
Polices privées contre médias indépendants
Les actions visant à faire taire des média critiques à l’égard d’autorités régionales se sont multipliées ces derniers mois. La prise de contrôle par une police privée, le 30 août 2001, de la chaîne de télévision régionale TVK à Lipetsk, particulièrement critique à l’égard du gouverneur de la région, a mis en évidence l’utilisation toujours plus fréquente de polices privées contre les médias indépendants. La situation est également particulièrement préoccupante dans les républiques de Khakassie, de Karatchaïevo-Tcherkessie, du Haut-Altaï (nord-est du Kazakhstan), d’Oudmourtie (nord de la Volga), et dans les régions russes de Magadan et Smolensk.
Prise de contrôle des médias privés
RSF rappelle également que les autorités russes ont mené, depuis juin 2000, une politique systématique de prise de contrôle des principaux médias audiovisuels indépendants du pays. L’épreuve de force mise en scène par les pouvoirs publics avec les oligarques du secteur de l’information, s’est soldée par la prise de contrôle pure et simple par l’Etat russe de la seule chaîne privée d’audience nationale, NTV, ainsi que par la remise en cause de l’activité de publications aussi influentes que les journaux Segodnia ou Itogui. La chaîne de télévision semi-publique ORT, qui dispose de la plus forte audience sur tout le territoire de la Fédération de Russie, est également passée sous le contrôle d’un groupe aux mains de l’Etat. Annoncée et théorisée dans la « doctrine sur la sécurité de l’information », approuvée par le président Poutine en septembre 2000, cette politique de contrôle des médias a été mise en oeuvre de façon systématique au cours des douze derniers mois.
La poursuite du harcèlement judiciaire envers le journaliste Grigori Pasko, qui avait filmé en 1998 des scènes de déversement de déchets radioactifs liquides en mer du Japon, est symptomatique de la volonté des autorités russes de maintenir une politique de pression et d’intimidation à l’encontre de l’information indépendante.