(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au secrétaire d’État à l’Information, S. Anwar Mahmood, RSF s’est, de nouveau, inquiétée des récentes entraves au travail des journalistes étrangers et pakistanais dans le pays. « Les autorités pakistanaises doivent garantir la liberté de mouvement des journalistes étrangers et le libre accès à la frontière et aux camps de […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au secrétaire d’État à l’Information, S. Anwar Mahmood, RSF s’est, de nouveau, inquiétée des récentes entraves au travail des journalistes étrangers et pakistanais dans le pays. « Les autorités pakistanaises doivent garantir la liberté de mouvement des journalistes étrangers et le libre accès à la frontière et aux camps de réfugiés afghans », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. L’organisation a demandé au ministre de préciser sa politique à l’encontre de la presse étrangère. « Peut-on accorder des visas et ensuite interdire aux reporters de se déplacer dans le pays ? », a interrogé l’organisation.
Selon les informations recueillies par RSF, les journalistes doivent disposer, depuis le 18 septembre 2001, d’une autorisation officielle pour accéder aux camps de réfugiés afghans situés le long de la frontière et près de Peshawar (nord-ouest du pays). Mais quasiment aucun laissez-passer n’a été accordé aux reporters qui en ont fait la demande. Ainsi, une équipe de télévision irlandaise a été brièvement interpellée, le 25 septembre, après avoir filmé un camp de réfugié près de Peshawar. Selon le journaliste pakistanais qui les accompagnait, la police a seulement confisqué quelques pages de leur carnet de notes. Le même jour, les membres d’une équipe de la chaîne de télévision américaine CNN, dirigée par le correspondant pour l’Asie, Mike Chinoy, ont été brièvement interrogés par un officier de l’unité paramilitaire Frontier Corps. Les journalistes américains revenaient de la zone frontalière de la Mohmand Agency. Par ailleurs, une équipe de la chaîne française TF1 s’est vu refuser l’accès à Darra Adamkhel, une région située à 25 kilomètres de Peshawar, connue pour abriter des fabriques d’armes. Les autorités ont très sévèrement limité l’accès à cette zone. Enfin, une équipe de télévision japonaise a été brièvement interpellée par la police alors qu’elle tentait de se rendre à la frontière avec l’Afghanistan.
Selon le témoignage d’Eric Albert, envoyé spécial du quotidien « France Soir », un membre des services de sécurité lui a interdit de stationner sur une route longeant un camp de réfugiés. « Il m’a poussé dans ma voiture alors que je ne faisais que regarder le camp », a confié le journaliste. Un reporter étranger, présent à Peshawar, a expliqué à RSF qu’il devenait « très difficile de travailler car les autorités refusent d’accorder des autorisations. Il nous est impossible d’accéder aux endroits où on peut trouver de l’information. Nous ne sommes pas là pour visiter la ville. »
Depuis le 20 septembre, les autorités pakistanaises n’ont accordé aucun visa à des journalistes indiens qui souhaitaient couvrir les conséquences de la crise entre les Etats-Unis et les taliban.
RSF n’a recensé aucune violence directe contre des journalistes étrangers de la part de fondamentalistes pakistanais qui manifestent régulièrement dans les rues des principales villes du pays. Mais, le 24 septembre, les étudiants de l’école coranique de Nowshera (nord-ouest du pays) ont menacé de détruire les caméras des journalistes étrangers qui visiteraient leur établissement. Selon le journal « Dawn », les élèves de la Jamia Darul Uloom Haqqania se sont notamment plaints à l’administration de la « présence de femmes journalistes ».
En Afghanistan, suite à l’expulsion du correspondant de la chaîne d’information américaine CNN par les taliban, l’équipe de la télévision arabe Al-Jazira est la dernière présente dans le pays. Les deux correspondants de cette chaîne d’information, basée au Qatar, sont autorisés par les autorités de Kaboul à travailler dans certaines zones du pays. Al-Jazira avait diffusé, à la fin de l’année 1998, une interview d’Oussama ben Laden. Le 24 septembre, ce dernier a adressé aux correspondants de la chaîne arabe à Kaboul un appel aux Pakistanais à « repousser » les troupes américaines.
Le rapport de RSF « Les taliban et la presse » est consultable sur le site www.rsf.org.