Dans un enregistrement audio, Hojatullah Mujadadi affirme avoir été convoqué plusieurs fois par des agents de la NDS pour remplir un formulaire de collaboration.
(RSF/IFEX) – Le 18 octobre 2010 – Hojatullah Mujadadi est le seul journaliste afghan emprisonné en Afghanistan. Malgré l’ordre donné par le président Hamid Karzai de le libérer, les services de sécurité le maintiennent en détention dans des conditions difficiles et sans droit d’être défendu par un avocat. Cette arrestation viole la loi afghane qui prévoit la saisine de la Commission des médias dans toute affaire de presse.
Reporters sans frontières dispose d’enregistrements audios qui démontrent très clairement la volonté des services secrets afghans (National Directorate of Security – NDS) de faire taire Hojatullah Mujadadi, directeur de Radio Kapisa FM depuis plusieurs mois. Les forces de sécurité, gênées par sa ligne éditoriale indépendante sur la situation en Kapisa, ont monté de toute pièce une affaire pour interpeller et inculper ce journaliste. Ces enregistrements révèlent également des pratiques très inquiétantes de la NDS, comme le recrutement de journalistes comme informateurs.
Dans un enregistrement audio réalisé par Reporters sans frontières en mai dernier, Hojatullah Mujadadi affirme avoir été convoqué plusieurs fois par des agents de la NDS pour remplir un formulaire de collaboration, ce qui équivalait, selon lui, à faire de l’espionnage pour l’Etat. Il lui était également demandé de fournir des informations sur ses contacts et de fournir des rapports détaillés.
« Oui, ce formulaire s’appelait ‘Fiche pour la collaboration’ et si je le remplissais, je devenais un membre de la NDS, en plus de mes fonctions de journaliste. Je devais faire de l’espionnage pour eux », affirme Hojatullah Mujadadi dans cet enregistrement.
Ces révélations sont accablantes pour la NDS qui tente de transformer des journalistes indépendants en informateurs. Nous appelons les autorités compétentes, notamment le ministre de l’Intérieur, à faire cesser ces pratiques.
Il est inquiétant que les forces internationales ISAF acceptent de telles méthodes de la part de la NDS, leur partenaire dans la lutte contre le terrorisme en Afghanistan. Les services de communication de l’ISAF n’ont par ailleurs jamais fait de correctif à un communiqué dans lequel ils annonçaient de manière erronée que Hojatullah Mujadadi avait été libéré en septembre.
Le 18 septembre 2010, Hojatullah Mujadadi a été arrêté alors qu’il se trouvait dans le bureau de vote où était présent le gouverneur de la province de Kapisa. Au cours des derniers mois, le journaliste s’était plaint de menaces de la part du gouverneur de Kapisa et d’officiers de la NDS qui lui reprochaient sa couverture indépendante de la situation dans la province et son traitement de l’affaire des journalistes otages de France 3.