RSF dénonce cette campagne de censure à grande échelle dans les zones rurales du pays, où l'accès à l'information est déjà réduit.
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un extrait d’un communiqué de presse de RSF daté du 1er décembre 2010 :
Reporters sans frontières a appris que les forces de l’ordre confisquent, depuis quelque temps, en zone rurale, des postes de radio à ondes courtes à des habitants surpris en train d’écouter des programmes diffusés par des journalistes en exil.
L’organisation condamne fermement ces opérations de censure et de répression des libertés individuelles. Nous demandons qu’elles cessent immédiatement et que les postes confisqués soient restitués à leur propriétaires.
Des postes de radio à ondes courtes avaient récemment été distribués aux villageois par des ONG afin de leur permettre de capter des stations radiophoniques alternatives, diffusant depuis l’étranger. Studio 7, Radio VOP (Voice of the people) et Shortwave Radio Africa sont écoutées par près d’un million d’auditeurs et sont respectivement diffusées depuis Washington, l’Afrique du Sud et Londres. Studio 7 a contribué à la distribution des postes de radio à ondes courtes dans les campagnes afin de permettre à la population rurale d’obtenir une information autre que celle diffusée par la Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC), proche du pouvoir.
Le 25 novembre dernier, à Bikita West, dans la province de Masvingo, cinq foyers ont été perquisitionnés et leurs radios confisquées. Deux militants du parti Movement for Democratic Change (MDC), Norbert Chinyike et Charles Mhizha, ont été arrêtés après que des postes de radio ont été trouvés en leur possession. Ils ont tous deux été relâchés sans qu’aucune charge soit retenue contre eux.
Peu de temps auparavant, une perquisition a également été menée dans les bureaux de l’ONG Democratic Councils Forum à Gweru, dont l’employé a été arrêté par les forces de police après qu’elles ont découvert des postes de radio destinés à être distribués dans les campagnes.
Jastone Mazhale, président du groupe de pression Gwanda Agenda, a déclaré que la police avait inspecté ses bureaux et l’avait interrogé sur les radios en question. Les policiers ont, selon lui, affirmé agir sur les ordres du quartier général de la police à Harare.
Le 27 octobre 2010, les forces de police de Mashonaland East ont confisqué des radios distribuées aux villageois par des ONG militant pour la libéralisation des ondes.
Un représentant de l’organisation de défense des droits de l’homme ZimRights a déclaré que des officiers de police, accompagnés de membres de la Central Intelligence Organisation (CIO), se sont rendus dans le district de Murehwa et ont menacé les villageois trouvés en possession des radios distribuées par les ONG avant de procéder à leur confiscation.
Le porte-parole national de la police, Wayne Bvudzijena, a affirmé ne pas être au courant de tels incidents, mais a promis de mener des recherches.
« Reporters sans frontières dénonce cette campagne de censure à grande échelle dans les zones rurales du pays, où l’accès à l’information est déjà réduit, et où les autorités cherchent de façon délibérée à les maintenir dans un état de pauvreté médiatique. Ces mesures ne visent qu’à limiter l’accès de la population à l’information libre et à empêcher que les opinions émises par les médias liés au pouvoir ne soient confrontées à celles des médias indépendants ou d’opposition. C’est une atteinte à la pluralité de la presse », a déclaré Jean-François Julliard, secrétaire général de l’organisation.