Selon le conseiller juridique de Sithu Zeya, le procès qui a eu lieu à Rangoun a été marqué par l'absence de preuves et de témoins.
(RSF/IFEX) – Le photographe Sithu Zeya, détenu depuis le 16 avril 2010 pour ses clichés des dégâts causés par un attentat à la bombe, a été condamné à huit ans de prison ferme le 21 décembre. Son père, le journaliste et peintre Maung Maung Zeya, arrêté un jour après son fils, attend en prison son procès qui devrait avoir lieu en janvier 2011. Tous deux travaillaient pour le média birman en exil Democratic Voice of Burma (DVB).
Reporters sans frontières et son organisation partenaire, la Burma Media Association, dénoncent cette peine de prison abusive à l’encontre du photoreporter qui ne faisait qu’exercer son métier. Les deux organisations sont choquées par le sort réservé à Sithu Zeya et à son père. Déjà durement condamné, le premier peut encore être soumis à une peine supplémentaire. Le second attend un verdict qui pourrait être très lourd.
Reporters sans frontières et la Burma Media Association craignent que ceux-ci ne subissent l’acharnement des autorités birmanes. Elles demandent leur libération.
Avant eux, la jeune vidéaste Hla Hla Win, qui travaillait également pour la DVB, s’était vu condamner à vingt ans de prison le 31 décembre 2009. Au total, six collaborateurs de la Democratic Voice of Burma sont actuellement derrière les barreaux en Birmanie.
Selon le conseiller juridique de Sithu Zeya, Aung Thein, le procès qui a eu lieu au tribunal de Mingalar Taung Nyunt, à Rangoun a été marqué par l’absence de preuves et de témoins. Les juges se sont basés sur des confessions soutirées à l’accusé après qu’il a été torturé. Le jeune photographe âgé de 21 ans a été condamné à cinq ans de prison pour avoir illégalement traversé la frontière avec la Thaïlande, et trois ans pour « communication avec une association illégale ». En vertu de la loi sur l’informatique, il risque jusqu’à vingt ans supplémentaires pour avoir pris des images du parc de Rangoun où neuf personnes avaient été tuées et 170 blessées dans des attentats à la grenade lors du nouvel an birman en avril 2010.
La loi sur l’informatique, ou Electronic Act 33 (A) régule toute communication via internet ou utilisation de médias électroniques. Cette loi porte préjudice aux journalistes, tout en sclérosant le système médiatique du pays.
Dans un rapport d’enquête publié le 22 décembre 2010 et intitulé « Les médias birmans à l’assaut de la censure », Reporters sans frontières montre l’importance des médias en exil, comme la Democratic Voice of Burma, pour l’information de la population.