"En bloquant l'enquête, en entretenant la culture de l'impunité et de l'indifférence, le gouvernement devient complice dans cette affaire de meurtre", a déclaré RSF.
(RSF/IFEX) – Le 7 janvier 2011 – Le 8 janvier 2009, Lasantha Wickrematunga, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Sunday Leader, journaliste talentueux, courageux et iconoclaste, était tué dans une attaque armée menée par un escadron de la mort, à Colombo. Deux ans après les faits, son meurtre reste impuni.
Reporters sans frontières est révoltée par l’immobilisme du gouvernement sri lankais qui empêche de toute évidence de faire éclater la vérité. En bloquant l’enquête, en entretenant la culture de l’impunité et de l’indifférence, le gouvernement devient complice dans cette affaire de meurtre.
L’organisation témoigne tout son soutien à la famille et aux collègues de Lasantha Wickrematunga, notamment sa veuve, Sonali Samarasinghe, ainsi que son frère, Lal Wickrematunga, eux-mêmes journalistes.
Nous demandons expressément au président Mahinda Rajapaksa qu’il s’assure d’avancées significatives dans l’enquête, en sollicitant notamment le soutien d’experts internationaux afin d’identifier les coupables et le commanditaire de ce crime odieux. Le meurtre de Lasantha Wickrematunga a représenté un tournant pour la liberté de la presse au Sri Lanka.
Lal Wickrematunga, son frère et actuel directeur de publication du Sunday Leader, a déclaré à Reporters sans frontières : « Lasantha a été assassiné il y deux ans et depuis l’enquête n’a guère progressé. Même si le Général Sarath Fonseka a été pointé du doigt, les enquêteurs semblent attendre un signe de la part des politiciens avant d’opérer toute avancée significative. Les arrestations faites jusqu’à ce jour ne donnent pas l’impression qu’il y a eu une tentative honnête pour identifier les commanditaires du meurtre.
Plus de cinquante audiences ont eu lieu devant une cour, mais la police semble ne pas en tenir compte. Bien que quinze membres des services secrets militaires aient été brièvement détenus, ils ont été libérés sans qu’aucune explication ne soit fournie à la cour. Si le Général Sarath Fonseka était responsable, comme certains analystes politiques le pensent, le gouvernement aurait dû l’inculper pour meurtre et non pas le traduire devant une cour martiale militaire pour un délit mineur. La famille de Lasantha ne croit pas que l’enquête soit menée avec un réel objectif. Il pourrait s’écouler encore beaucoup de temps, et nécessiter un changement de gouvernement, avant que la vérité n’éclate sur ce crime haineux. »
Sollicité par Reporters sans frontières, un journaliste d’investigation, basé à Colombo, s’exprime sur la commémoration de la mort de Lasantha : « Il est triste et choquant de constater qu’après deux années écoulées, le gouvernement et les forces de l’ordre ne sont toujours pas capables de faire une arrestation clé dans l’affaire de la mort de Lasantha (. . .) Il faut souligner que les appels lancés par son équipe de rédaction et sa famille, demandant une enquête approfondie, restent sans réponse.
Aucune progression satisfaisante dans l’enquête sur le meurtre de Lasantha n’est à mettre au bénéfice des autorités. Plusieurs ministres du gouvernement, tel que Mervyn Silva, avaient pourtant déclaré connaître l’identité de ses meurtriers sans vouloir pour autant la divulguer.
Si des ministres peuvent faire, officiellement, ce genre de déclaration, les autorités ont alors le devoir de les interroger pour découvrir, enfin, le responsable du meurtre de Lasantha. »
Une commémoration aura lieu devant la tombe du journaliste, samedi 8 janvier à 10h30, à Colombo, où se réuniront famille, amis et confrères.