Jean Bosco Gasasira est désormais considéré comme un élément indésirable, hors-la-loi et fugitif dans son pays, voire dans d'autres pays d'Afrique.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières dénonce la décision prononcée par la Cour suprême, le 3 juin 2011, de condamner Jean Bosco Gasasira à 2 ans et 6 mois de prison ferme pour sa version en ligne du journal indépendant http://www.Umuvugizi.com .
Fleuron du journalisme critique au Rwanda, Jean Bosco Gasasira est condamné pour appel à la désobéissance civile et outrage au chef de l’Etat. Le chef d’accusation de violation délibérée de la loi sur les médias a été abandonné. Prévue pour le 27 mai, la décision a été repoussée d’une semaine. Contacté il y a une semaine par Reporters sans frontières, l’accusé avait exprimé sa certitude d’être condamné. Selon lui, ce répit aurait eu pour but de donner plus de temps à la Cour suprême pour trouver des pièces à convictions plausibles, et surtout plus solides. Cette condamnation, sans appel, signifie l’impossibilité pour le journaliste, actuellement en exil, de revenir au Rwanda, sous peine d’arrestation immédiate. Jean Bosco Gasasira est désormais considéré comme un élément indésirable, hors-la-loi et fugitif dans son pays, voire dans d’autres pays d’Afrique.
Interrogé par Reporters sans frontières, Jean Bosco Gasasira a déclaré ne pas craindre ces lois ni être intimidé par de telles actions. « Le gouvernement souhaite m’empoisonner l’existence et m’empêcher de faire mon travail, a affirmé le journaliste. Cette condamnation est une décision désespérée, prononcée par de vieux prédateurs des médias. Il faut alerter la communauté internationale sur de telles méthodes », a-t-il ajouté.
Menacé à de nombreuses reprises, passé à tabac en 2007, et censuré, Jean Bosco Gasasira est traqué, jusqu’en-dehors des frontières du pays. Son site internet subirait des attaques depuis quelques jours. Une fausse version du site, vraisemblablement créée par des individus proches du gouvernement, est apparue sur la toile ( http://umuvugizi.wordpress.com/ ). Selon le journaliste, cette version falsifiée permettrait au gouvernement de surveiller les lecteurs du journal critique, et surtout de propager de fausses informations.
La situation de la liberté de la presse est extrêmement préoccupante au Rwanda. Le gouvernement s’évertue à faire taire les médias libres et indépendants. A la tête du pays, Paul Kagamé figure dans la liste des prédateurs de la presse dressée chaque année par Reporters sans frontières.