Le journal a été condamné à payer environ 300 000 euros de dommages et intérêts à la plaignante.
(RSF/IFEX) – Le 4 novembre 2011 – Le 4 novembre 2011, Reporters sans frontières a adressé un courrier au ministre de la Justice togolais, Tchitchao Tchalim, pour réagir à la lourde condamnation infligée, deux jours plus tôt, par le tribunal correctionnel de Lomé, à l’hebdomadaire privé L’Indépendant Express.
Poursuivi par Madame Julie Béguédou, directrice générale de la société Elisée Cotrane, spécialisée dans l’importation du riz à Lomé, le journal a été condamné à payer à la société 200 millions de francs CFA (environ 300 000 euros) de dommages et intérêts. Il doit par ailleurs s’acquitter d’une amende de 800 000 francs CFA (environ 1 200 euros) et verser un franc symbolique à la plaignante.
« Reporters sans frontières reconnaît que le titre de l’article incriminé était particulièrement accusateur et de nature à porter atteinte à l’image d’Elisée Cotrane ainsi qu’à celle de sa directrice générale. Nous ne contestons donc pas le fait que L’Indépendant Express puisse être condamné à réparer le préjudice subi par la société, mais nous estimons que le montant exorbitant demandé au journal risque d’entraîner sa faillite. Nous sommes inquiets pour l’avenir de cette publication », a écrit l’organisation.
« Au Togo, les poursuites judiciaires sont de plus en plus fréquentes contre les médias. Elles ne sont pas critiquables en soi, sauf si leur usage est abusif et surtout si leur but est d’intimider les journalistes, de les pousser à l’autocensure ou d’affaiblir financièrement les organes de presse. Conscients que la justice doit protéger les citoyens contre les délits que peuvent commettre certains médias, nous vous demandons cependant de veiller à ce qu’elle ne mette pas en péril l’existence de ces derniers », a ajouté Reporters sans frontières.
Dans sa parution n°177 du 16 août 2011, L’Indépendant Express avait publié un article, illustré par une photo de Julie Béguédou, intitulé « Julie Béguédou va porter atteinte à la sûreté des consommateurs : Danger de mort : 190 000 sacs de riz toxique vont être déversés sur le marché ». La plaignante a estimé faire l’objet de « calomnie », d' »accusations sans preuve » et de « sabotage » de ses activités commerciales.
Le riz dit « toxique » avait ensuite été déclaré propre à la consommation après une contre-expertise réalisée par l’Institut togolais de recherche agronomique (ITRA). Les responsables du journal contestent les résultats de cette analyse.