La Cour suprême a confirmé en appel la condamnation d'Ourinboï Ousmonov, reconnu coupable par le tribunal régional de Sughd de contacts avec le parti islamiste interdit Hizb-ut Tahrir.
(RSF/IFEX) – Le 1er décembre 2011 – Reporters sans frontières dénonce la condamnation en appel du journaliste Ourinboï Ousmonov (Урунбой Усмонов), prononcée le 30 novembre 2011 par la Cour suprême de la république du Tadjikistan.
« En persistant dans son verdict absurde, la justice vient à nouveau de faire la preuve de son manque d’impartialité. Le principal effet de cette décision est d’intimider les journalistes qui souhaiteraient couvrir les activités du Hizb-ut Tahrir et la politique antireligieuse des autorités tadjikes. Mais ce n’est pas en imposant le black-out que le pouvoir se débarrassera du problème. Nous appelons la justice à saisir la dernière chance qui s’offre à elle de reconnaître l’innocence du correspondant de la BBC et de laisser la presse faire son travail », a déclaré l’organisation.
Le 30 novembre 2011, la Cour suprême de la république du Tadjikistan a confirmé en appel la condamnation d’Ourinboï Ousmonov. Le 14 octobre, le tribunal régional de Sughd l’avait reconnu coupable de contacts avec le parti islamiste interdit Hizb-ut Tahrir, et l’avait condamné à trois ans de prison. Néanmoins, devant la campagne internationale de protestation soulevée par cette affaire, Ourinboï Ousmonov avait aussitôt été amnistié et remis en liberté. Le journaliste couvrait les procès de membres du Hizb-ut Tahrir à la demande de sa rédaction.
L’avocate d’Ourinboï Ousmonov, Faïziniso Vokhidova, a expliqué à Reporters sans frontières qu’il restait encore une possibilité de recours en interne : « Dès réception de la décision [d’hier], nous allons faire appel auprès du Présidium de la Cour suprême. Celui-ci est composé des plus hautes instances judiciaires, telles que le président de la Cour suprême et le procureur général. Il a le pouvoir, en instance de contrôle, de casser les décisions du collège de la Cour suprême. Mais cela peut prendre du temps, car aucun délai n’est prévu par la loi. Si le Présidium confirme à nouveau [la condamnation d’Ourinboï Ousmonov], nous sommes déterminés à porter l’affaire auprès des instances internationales. »
Un autre journaliste, condamné le même jour qu’Ourinboï Ousmonov, a également interjeté appel auprès de la Cour suprême. Makhmadyusuf Ismoïlov (Махмадюсуф Исмоилов), correspondant des journaux Nuri Zindagi et Istiklol, a passé près d’un an en détention provisoire pour ses investigations sur des allégations de corruption au sein des autorités locales. Relâché au terme de son procès le 14 octobre, il a toutefois été condamné à une amende de 35 000 somoni (environ 5400€) et à une interdiction d’exercer son métier pendant trois ans. Reporters sans frontières demande à la Cour suprême de reconnaître son innocence au plus vite.