Suspecté d’avoir soudoyé un officier de police, Nguyen Van Khuong sera détenu pendant toute la durée de l’enquête, soit quatre mois, et risque d’être inculpé pour faits de corruption.
(RSF/IFEX) – Reporters sans frontières condamne l’arrestation et le placement en détention provisoire, le 2 janvier 2012, de Hoang Khuong, de son vrai nom Nguyen Van Khuong, journaliste du quotidien Tuoi Tre. Suspecté d’avoir soudoyé un officier de police, le journaliste sera détenu pendant toute la durée de l’enquête, soit quatre mois, et risque d’être inculpé pour faits de corruption.
« Les actions de Hoang Khuong, accomplies dans le cadre de son enquête, ne peuvent lui valoir des accusations de corruption. La démarche d’investigation du journaliste relève de son travail d’information, sans relation avec son interêt personnel. Hoang Khuong est un journaliste de renom, qui a publié de nombreux articles sur les pratiques de corruption au sein de la police. Les autorités doivent le remettre en liberté et abandonner toute velléité d’enquête à son encontre pour des faits qu’il a lui même rendu publics. Elles doivent au contraire prendre toute la mesure du service d’intérêt général que représente un tel travail d’investigation », a déclaré l’organisation.
Hoang Khuong a été arrêté par la police le 2 janvier 2012, à Hô-Chi-Minh-Ville. Sa maison et son bureau ont également été perquisitionnés. Le journaliste est accusé d’avoir cherché à verser indirectement des pots de vin.
Pour les besoins de ses investigations et l’obtention de preuves irréfutables, il a emprunté l’identité d’un contrevenant et a donné, via un intermédiaire, 15 millions de Dong (environ 715 $) à Huynh Minh Duc, un officier de police, pour la remise d’un véhicule saisi après une violation du Code de la route. Ce dernier a été arrêté suite à la publication de l’article.
Le 3 décembre 2011, sous la pression de la police, la direction de Tuoi Tre avait déjà suspendu Hoang Khuong.
Hoang Khuong est un journaliste célèbre pour ses articles sur des affaires de corruption impliquant la police routière, dont certains officiers acceptent de l’argent pour fermer les yeux sur des violations. A leur parution, ces articles avaient suscité de vives réactions du public.