Alioune Tine, arrêté et détenu pendant 72 heures pour avoir organisé une manifestation contre la poursuite d'un troisième mandat du président Abdoulaye Wade, a été libéré sans accusation le 30 janvier 2012.
(MFWA/IFEX) – Le 31 janvier 2012 – Le défenseur des droits de l’homme et militant politique Alioune Tine, arrêté et détenu pendant 72 heures pour avoir organisé une manifestation contre la poursuite d’un troisième mandat du président Abdoulaye Wade, a été libéré sans accusation le 30 janvier 2012.
Le correspondant de la Fondation des Medias en Afrique de l’Ouest (MFWA) rapporte que Tine a été arrêté par des agents de la police judiciaire du Sénégal aux environs de 17h00 (heure locale) le 28 janvier, un jour après qu’il a organisé ladite manifestation. Bien qu’il n’ait pas été mis en accusation, son interrogatoire, qui portait sur la manifestation, aurait duré plusieurs heures.
Tine est le coordonnateur du Mouvement du 23 juin, une coalition de la société civile et des partis politiques, créée l’an dernier dans le but d’opposer le plan du président Wade pour rechercher un troisième mandat.
La marche du 27 janvier faisait partie d’une série de manifestations contre le troisième mandat controversé du Président. Tout a démarré le 27 juin lorsqu’il a déclenché une succession d’amendements constitutionnels aux fins de réaliser son ambition. Cette dernière manifestation avait pour objet de fustiger le Conseil Constitutionnel pour avoir ouvert la voie à quatorze prétendants – y compris au Président – de se porter candidat aux élections du 26 février.
L’un des candidats non-approuvés, Youssouf N’dour, pop star internationale et détenteur du prix Grammy, a été empêché par la police de visiter Tine.
D’après le correspondant de MFWA, des journalistes de l’Agence France Presse (AFP) et du journal privé le « Populaire », ainsi que quelques adhérents du Mouvement M3 ont été agressés par des agents des forces de sécurité au petit matin de la marche à la Place de l’Obélisque à Dakar.
Ce n’est pas la première fois que Tine, qui est aussi secrétaire-général de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme(RADDHO), une importante ONG consacrée à la défense des droits de l’homme basée à Dakar, est agressé pour son opposition à la tentative du président Wade de poursuivre un troisième mandat. Le 11 juin, il a été violemment agressé par des militants du parti au pouvoir, le Parti Démocratique Sénégalais (PDS), après un amendement controversé à la constitution. Tine a été blessé et a dû passer quelques jours à l’hôpital.
Selon le correspondant, Tine n’est pas pour le moins découragé par les “conditions inhumaines” qu’il aurait subies lors de sa détention et a affirmé son intention de poursuivre le combat jusqu’à ce le Président annule sa décision.