Depuis le 10 février, la rumeur circule que le corps sans vie de l'écrivain aurait été transféré à la morgue de l'hôpital militaire de Damas.
(RSF/IFEX) – Le 13 février 2012 – Depuis le 10 février 2012, la rumeur circule que le corps sans vie de l’écrivain et activiste, Hussein ‘Issou, arrêté le 3 septembre dernier dans la ville d’Al-Hassakah (Nord-Est), aurait été transféré à la morgue de l’hôpital militaire de Damas. Depuis, nous assistons à une guerre de l’information, ou de la désinformation sur le sort de cet opposant. Aussi Reporters sans frontières exhorte les autorités syriennes à faire toute la lumière sur l’état de santé de Hussein ‘Issou et à ne pas laisser sa famille et ses proches dans cette attente inhumaine.
D’après les informations recueillies par l’organisation, Hussein ‘Issou aurait été admis le 14 janvier dernier à l’hôpital militaire de Mezze. Placé à l’isolement, en permanence gardé par deux soldats, il serait resté ainsi détenu pendant trois jours. Son nom ne figure officiellement plus sur les registres de l’hôpital, a expliqué l’un des proches de l’écrivain à Reporters sans frontières. Il souffrirait d’hémiplégie, conséquence de ses problèmes de disques. Il ne serait plus à même de se lever et de se déplacer seul.
Dans un communiqué publié le 14 janvier dernier, Reporters sans frontières s’était alarmée de l’état de santé de Hussein, dont les problèmes cardiaques étaient connus.
Le pire est à craindre.
Reporters sans frontières rappelle que cinq professionnels de l’information ont déjà trouvé la mort en Syrie en lien avec leurs activités. Le journaliste français Gilles Jacquier de France 2 a été tué le 11 janvier dernier à Homs, alors qu’il était entré légalement dans le pays. Le journaliste syrien Shoukri Ahmed Ratib Abu Bourghoul, blessé par une balle reçue en pleine tête le 30 décembre dernier, a succombé à ses blessures, le 2 janvier 2012, à l’hôpital. Basil Al-Sayed, journaliste-citoyen, avait été tué à Homs le 29 décembre, alors qu’il filmait un énième bain de sang dans le quartier de Bab Amr. Visé à la tête par les forces de sécurité, il est décédé au cours de son transfert à l’hôpital. Il avait 24 ans. Le photographe et vidéaste Ferzat Jarban avait quant à lui été assassiné le 20 novembre dernier, après avoir été arrêté la veille à Homs. Enfin, Soleiman Saleh Abazaid avait été assassiné d’une balle dans la tête, le 22 juillet 2011. Il était l’administrateur de la page Facebook « Liberated people of Horan ».
Par ailleurs, Reporters sans frontières a appris la mort de ‘Omar le syrien’, citoyen-journaliste qui collaborait depuis deux mois avec l’Agence France-Presse, dans la nuit du 3 au 4 février dernier, lors de l’important bombardement de la ville de Homs. De son vrai nom, Mazhar Tayyara, il était âgé de 24 ans. Il était sorti secourir les blessés lorsqu’il a été atteint par un tir d’obus.
Par ailleurs, un certain nombre de journalistes et net-citoyens sont toujours détenus ou n’ont plus donné de nouvelles. Voilà une liste non-exhaustive (avec le soutien du Centre syrien des médias) :
* Said Dairky, ingénieur qui travaille à la télévision nationale, arrêté le 14 janvier dernier ;
* Alaa Shueiti, cyberactiviste, arrêté le 15 octobre 2011, à Homs ;
* Mos’ab Massoud, journaliste pour Addounia, arrêté le 1er octobre 2011, après avoir publié un article sur Elaph, intitulé « The ministry of media and information and the question of sectarism » ;
* Firas Fayyad, réalisateur, arrêté le 1er décembre 2011, à l’aéroport de Damas, alors qu’il voulait se rendre à Dubaï ;
* Bilal Ahmed Bilal, réalisateur pour la chaîne Falesteen, arrêté à Mo’adamieh dans la banlieue de Damas, le 13 septembre 2011 ;
* Abdelmajid Rashed Al-Rahmoun, arrêté le 23 août 2011 à Hama ;
* Tarek Said Balsha, photographe arrêté à Latakia le 19 août 2011. On est sans nouvelles de lui depuis ;
* Mohamed Nihad Kurdiyya, ingénieur mécanique, arrêté à Latakiya alors qu’il devait être interviewé sur Al-Jazeera, le 18 août 2011 ;
* Abdelwalid Kharsah, reporter, arrêté le 17 août 2011 alors qu’il couvrait les manifestations à Deraa ;
* Olwan Zouaiter, journaliste, a collaboré pour de nombreux quotidiens libanais. Il avait été arrêté par les services de renseignements dans la ville de Raqqa, le 16 mars 2011. Suite à une condamnation initiale à cinq ans de prison, pour avoir contacté l’opposition syrienne, sa peine a été allégée à treize mois de prison ferme. Il purge sa peine à la prison de Raqqa.
Par ailleurs,
* Moheeb Al Nawathy, journaliste palestinien vivant en Norvège depuis 2007, est porté disparu depuis le 5 janvier 2011, quelques jours après son arrivée à Damas. Le journaliste, affilié au Fatah, travaillait auparavant pour le site internet de la chaîne satellitaire Al-Arabiya.
* Tal Al-Mallouhi, une étudiante et blogueuse de 19 ans, détenue depuis la fin du mois de décembre 2009, a comparu de nouveau, le 17 janvier 2011, devant la Haute Cour de sécurité de l’Etat. Elle serait accusée d' »espionnage » au profit des Etats-Unis et détenue à la prison de Douma, près de Damas. Les internautes du monde entier se sont mobilisés en ligne pour réclamer sa libération.