Patrick Talu a été menacé par des agents de police lorsqu' il assistait à une réunion entre un groupe de propriétaires fonciers et les autorités au sujet d’un projet controversé de pipeline de gaz liquide dans les provinces des Hautes-Terres méridionales et occidentales.
(RSF/IFEX) – Le 9 mars 2012 – Reporters sans frontières condamne les menaces de mort proférées par des agents de police à l’encontre du journaliste du South Pacific Post (Post-Courier), Patrick Talu, à Port Moresby, où il réalisait un reportage sur la construction d’un gazoduc, le 7 mars 2012.
« Il est urgent que les autorités mettent fin à ces abus de pouvoir et permettent aux médias d’accomplir en toute sécurité leur mission d’information, d’intérêt public », a déclaré Reporters sans frontières. « Le gouvernement doit non seulement condamner les violations commises par des membres de la police et prendre des mesures afin que les auteurs soient jugés pour leurs actes, mais aussi se garder de publier des déclarations qui ne font qu’alimenter un climat de suspicion et de menace, qui pourrait se traduire à nouveau par des intimidations à l’encontre des journalistes et par de l’autocensure », a ajouté l’organisation.
Patrick Talu se trouvait dans le quartier du parc Unagi Oval le 7 mars en début d’après-midi, pour assister à une réunion entre un groupe de propriétaires fonciers et James Marape et William Bando, respectivement président et directeur général de l’Autorité de Transition de la nouvelle province de Hela (Hautes-Terres méridionales), au sujet d’un projet controversé de pipeline de gaz liquide dans les provinces des Hautes-Terres méridionales et occidentales.
Patrick Talu, dont les propos ont été relayés dans le Post-Courier, a été entouré par un groupe d’une quinzaine de policiers armés de l’unité mobile de Mt Hagen, que le préfet de police Tom Kulunga avait fait venir sur place pour contenir les propriétaires terriens opposés au projet. Pendant la rencontre sur le gazoduc, les policiers ont ouvert le feu contre des propriétaires et ont interpellé le journaliste, alors en train de les filmer, et lui ont confisqué sa caméra.
Après lui avoir demandé sa carte d’identité, les policiers l’ont poussé et menacé puis lui ont ordonné de partir. Un agent lui a arraché de force son téléphone portable. Un autre, brandissant un fusil M16 et une grenade, lui a ordonné de quitter les lieux “ou il se ferait exploser par une grenade”.
‘Vous, les journalistes, donnez une mauvaise image de la police’ a hurlé le policier, faisant référence à un article paru la veille en une du Post-Courier, qui montrait des policiers armés, lancés à la poursuite des propriétaires fonciers.
Patrick Talu a ensuite demandé au préfet de police Tom Kulunga de désarmer et licencier le policier auteur des menaces et s’est dit préoccupé par la tolérance du gouvernement envers ces abus de pouvoir de la police.
Cet incident survient peu de temps après des déclarations du gouvernement, visant à restreindre la liberté d’expression des médias. Une semaine auparavant, le chef de cabinet Ben Micah, avait publié dans la presse des avertissements à l’encontre des publications “subversives” sur Internet, qui constitueraient “un risque pour la sécurité nationale”, et avait même encouragé les citoyens à dénoncer ces publications aux autorités. Cette déclaration, récusée par le Premier ministre le 8 mars 2012, a également été dénoncée par le Pacific Media Center, centre de recherche sur les médias de la région, basé en Nouvelle Zélande.