JED condamne le climat de terreur installé par l’ANR qui abuse de son pouvoir pour harceler les médias.
(JED/IFEX) – Kinshasa, le 6 avril 2012 – Journaliste en danger (JED) s’inquiète de la cascade d’interpellations de journalistes depuis quelques jours à Tshimbulu, cité située à 120 kms de Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Occidental (Centre de la RDC) par le responsable local de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR).
Selon les informations recoupées par JED, André Kabasele, journaliste à Radio Moyo FM a été interpellé, lundi 2 avril 2012, au poste local de l’ANR pour « outrage aux autorités locales ». Au cours d’une émission diffusée vendredi 30 mars 2012 et intitulée « Budjikumeso » (Traduction : Sous les yeux), Kabasele a interpellé les autorités locales, les appelant à rétablir l’ordre public dans un quartier de la cité de Tshimbulu.
Kabasele a été mis aux arrêts, après avoir été longuement interrogé autour de cette émission. Sa libération a été conditionnée par le paiement d’une amende de 7.500 francs congolais (environ 8 dollars américains). Ne disposant pas de cette somme d’argent, il a été obligé de consigner sa carte d’identité.
Vendredi 30 mars 2012, Emery Mamba, Elie Tshamwa, Jean-Pierre Kayumba, Belas Belangamayi et Jean Ntumba, tous journalistes à Radio Bungana émettant dans la même cité de Tshimbulu, ont été convoqués et entendus à l’ANR. Il a été reproché à ces journalistes de diffamer les responsables des écoles primaires de Tshimbulu.
Mamba et Tshamwa ont animé, mercredi 21 mars 2012, une émission intitulée « Kalasa » (traduction : Ecole) au cours de laquelle ils ont dénoncé, sans citer les noms, des directeurs d’écoles primaires locales qui exigent des « élèves stagiaires » qu’ils reçoivent chaque année d’organiser une fête en leur honneur à la fin du stage.
Contacté, Jean Ntumba a déclaré que l’ANR a adressé une convocation à tous les journalistes de la Radio Bungana. « Cette émission a été présentée par deux personnes qui devraient répondre à l’invitation de l’ANR. Nous nous sommes expliqués qu’au cours de cette émission aucun nom n’a été cité ».
Ali Tshitoko, journaliste à Radio Moyo FM était convoqué à l’ANR, vendredi 6 avril 2012, accusé d’avoir diffusé une fausse information. Tshitoko a diffusé, dimanche 1er avril 2012, une information appelant la population à la salubrité publique en vue de préparer l’arrivée prochaine du président de la République et du gouverneur de province dans la cité de Tshimbulu.
Contacté, Tshitoko a déclaré que l’information qu’il a livrée au public n’était qu’un poisson d’avril.
JED condamne avec la dernière énergie le climat de terreur installé par l’ANR qui abuse de son pouvoir pour harceler les médias. JED demande, par conséquent, aux autorités nationales de faire cesser tous ces actes d’intimidation des journalistes dans cette province.