(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Elias el-Murr, RSF a protesté contre l’agression de deux journalistes et l’interpellation d’un troisième qui couvraient une manifestation, le 9 août 2001, à Beyrouth. L’organisation a demandé au ministre des « explications sur l’interpellation et l’ouverture d’une enquête sur les agressions ». Par ailleurs, RSF s’est inquiétée […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur, Elias el-Murr, RSF a protesté contre l’agression de deux journalistes et l’interpellation d’un troisième qui couvraient une manifestation, le 9 août 2001, à Beyrouth. L’organisation a demandé au ministre des « explications sur l’interpellation et l’ouverture d’une enquête sur les agressions ». Par ailleurs, RSF s’est inquiétée des propos, contenus dans le communiqué du Conseil des ministres du 9 août, qui menacent le pluralisme des médias au Liban. « Il serait dommageable pour l’image du Liban d’avoir recours à de telles pratiques alors que se déroulent des événements graves dans le pays. Les journalistes devraient pouvoir les couvrir en toute liberté », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation.
Selon les informations recueillies par RSF, le 9 août, deux journalistes ont été agressés et un troisième interpellé devant le Palais de Justice, à Beyrouth. Ils couvraient une manifestation contre la vague d’arrestations de militants et sympathisants du Courant patriotique libre (CPL) et des Forces libanaises, les 5 et 7 août, à Beyrouth. Hussein el Moulla, photographe de l’agence Associated Press, a été frappé par un agent des services de renseignement (en civil) qui s’était mêlé aux manifestants alors qu’il était en train de le photographier. Sami Ayad, photographe du quotidien « An Nahar », prenait des photos de manifestants, brutalisés par les services de renseignement, lorsque des inconnus lui ont réclamé ses pellicules. Suite à son refus, il a été frappé par ces mêmes personnes avant de prendre la fuite. Yehia Houjairi, cameraman de la télévision officielle koweïtienne, a été arrêté par les forces de l’ordre alors qu’il filmait la manifestation. Il a fallu l’intervention du président de Syndicat des photographes pour qu’il soit libéré un peu plus tard.
à l’issue du Conseil des ministres, tenu le 9 août, le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, lisant le communiqué, a déclaré qu’il était « chargé d’appliquer les dispositions de la loi sur les médias » pour arrêter le « dérapage des médias qui menace la sécurité de l’Etat ». Par ailleurs, la veille, le Conseil national de l’audiovisuel (CNA) avait transmis un document au Conseil des ministres concernant la couverture des événements des journées des 7 et 8 août par les médias audiovisuels. Ce rapport précisait notamment que la chaîne de télévision MTV (réputée proche du général Aoun), « n’a pas respecté le caractère pluraliste de l’information â¦, a incité les spectateurs à l’inquiétude, en leur faisant redouter un changement de la nature du régime démocratique au Liban â¦, a ouvertement défié les institutions politiques et sécuritaires de manière à menacer l’ordre public ».