(RSF/IFEX) – Nizar Nayyouf a été libéré, dans la nuit du 21 au 22 juin, après vingt-quatre heures de détention. Le 21 juin, les autorités syriennes avaient démenti avoir enlevé le journaliste. « Le gouvernement syrien n’est pas responsable de sa disparition qui pourrait être volontaire », avait déclaré une source officielle syrienne à l’Agence France-Presse. Dans […]
(RSF/IFEX) – Nizar Nayyouf a été libéré, dans la nuit du 21 au 22 juin, après vingt-quatre heures de détention. Le 21 juin, les autorités syriennes avaient démenti avoir enlevé le journaliste. « Le gouvernement syrien n’est pas responsable de sa disparition qui pourrait être volontaire », avait déclaré une source officielle syrienne à l’Agence France-Presse.
Dans une interview téléphonique accordée à RSF le 22 juin, au matin, Nayyouf a livré sa version des faits :
« J’ai quitté mon village le mardi 19 juin au soir avec un membre de ma famille. Celui ci m’a accompagné jusqu’à Jabla, près de la ville de Lattaquié où j’ai rejoint un ami. Je suis parti avec ce dernier, en voiture, en direction de Damas où j’avais un rendez-vous pour une visite médicale. Un véhicule nous suivait. Arrivés à Damas, nous nous sommes rendus, en voiture à de nombreux endroits que je n’avais pas vus depuis des années. Vers 18 heures, alors que nous nous rendions chez le médecin qui devait m’examiner, quatre hommes sont descendus d’une voiture et ont arrêté la nôtre. Armés, ils m’ont fait descendre, ont mis une cagoule sur ma tête et m’ont mis avec mes béquilles dans leur voiture, une Peugeot. Dans le même temps, ils menaçaient avec leurs armes mon ami, resté dans la voiture.
J’ai ensuite été conduit dans un bureau. Pendant toute la détention, j’avais les yeux bandés. J’ai reconnu certaines voix qui s’exprimaient dans le bureau. Elles appartenaient à des hommes des
renseignements militaires. Ils m’ont fait asseoir sur une chaise très confortable. J’en ai déduis que j’étais installé dans un bureau luxueux. Je n’étais ni menotté ni attaché. Et ils ont commencé à me soumettre leur marché : ils me proposaient une voiture, une maison, beaucoup d’argent en échange de mon silence sur ce que je savais concernant les violations des droits de l’homme en Syrie. J’ai refusé. Ils ont alors menacé de tuer mon frère qui se trouve actuellement en France. Dans la nuit, ils m’ont conduit dans une cellule qui se situait sous le bâtiment dans lequel j’ai été
interrogé. Ils m’ont battu à coups de poing et pied. Sur les jambes, les mains et la tête. À plusieurs reprises, des hommes sont venus me demander si j’avais changé d’avis pour le marché.
En début de soirée, jeudi, on est venu me chercher dans ma cellule et une voiture m’a conduit jusqu’à Jabla. Là, les hommes m’ont laissé devant l’hôpital de la ville. Un chauffeur de taxi me voyant seul et mal en point m’a pris à bord de sa voiture.
Pour moi, ce sont les services de renseignement qui ont orchestré cet enlèvement. Je pense que le Président n’aurait jamais ordonné une telle opération. Mais j’ai également la certitude que, lorsqu’il l’a appris, il est personnellement intervenu pour que je sois relâché ».
– Des photos de Nizar Nayyouf, prises par RSF début juin, sont disponibles sur le site de RSF : www.rsf.fr
Pour tout renseignement complémentaire, veuillez contacter Virginie Locussol, RSF, 5, rue Geoffroy Marie, Paris 75009, France, tél: +33 1 44 83 84 84, téléc: +33 1 45 23 11 51, courrier électronique: moyen-orient@rsf.fr, Internet: http://www.rsf.fr