(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 18 juin 2001 : Reporters sans frontières a demandé à se constituer partie civile dans le procès d’Ahmad Jayhooni Reporters sans frontières (RSF) a demandé à se constituer partie civile dans le procès de l’Iranien Ahmad Jayhooni qui s’est ouvert, ce 18 juin, devant […]
(RSF/IFEX) – Ci-dessous, un communiqué de presse de RSF, daté du 18 juin 2001 :
Reporters sans frontières a demandé à se constituer partie civile dans le procès d’Ahmad Jayhooni
Reporters sans frontières (RSF) a demandé à se constituer partie civile dans le procès de l’Iranien Ahmad Jayhooni qui s’est ouvert, ce 18 juin, devant la cour d’assises spéciale de Paris. « On a assassiné lâchement un journaliste iranien à l’étranger il y a cinq ans. Il est tout naturel, pour notre association, qu’elle se porte aujourd’hui partie civile dans le procès du présumé complice de l’assassin. Notre but est que les commanditaires de cet assassinat soient identifiés et punis. Par le passé, la justice française n’a pas été à l’abri de pressions diplomatiques dans des affaires de terrorisme liées à l’Iran », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de RSF. La Cour a décidé d’attendre la fin des débats pour se prononcer sur la recevabilité de la demande de RSF.
Le 27 mai 1996, Reza Mazlouman, ancien vice-ministre de l’Education à l’époque du Chah et directeur de publication de Payam-e ma Azadegan de 1982 à 1996, a été assassiné, à son domicile, à Créteil. L’exécution de Reza Mazlouman semble liée à son activité journalistique, considérée comme hautement contestataire aux yeux des autorités iraniennes de l’époque.
Depuis la Révolution islamique, en 1979, on recense plus de 150 tentatives d’assassinats dans plus de 21 pays à l’encontre de dissidents iraniens vivant à l’étranger. Reza Mazlouman, qui signait sous le nom de Kourosh Aryamanesh fait partie des 350 opposants iraniens (de toutes les sensibilités politiques) exécutés entre 1980 et 1996. Le 10 avril 1997, un verdict historique, rendu par un tribunal de Berlin, a reconnu coupable, pour la première fois, l’Etat iranien de meurtre de quatre opposants Kurdes iraniens. A cette occasion, la justice allemande a lancé un mandat d’arrêt contre Ali Fallahian, ministre des Renseignements, pour le meurtre de ces quatre opposants en 1992. Il ne fait, par ailleurs, aucun doute que les autorités, et tout particulièrement le ministère des Renseignements, ont une responsabilité directe dans les autres exécutions. Akbar Ganji, célèbre journaliste d’investigation, est aujourd’hui emprisonné, notamment pour avoir dénoncé la responsabilité de ce ministère dans des assassinats d’opposants iraniens, tant en Iran qu’à l’étranger.
Depuis les années 1980, la liberté d’expression a systématiquement été bafouée par le régime iranien. Au delà des multiples arrestations de professionnels des médias (plus d’une centaine entre 1991 et 2001), cinq journalistes ont été assassinés en Iran en 1997 et 1998. En 1996, année de l’exécution de Reza Mazlouman, vingt et un intellectuels ont échappé à une tentative d’assassinat, lors d’un déplacement en autocar. Plusieurs de ces intellectuels étaient signataires du « manifeste des 134 ». Ce texte, publié en octobre 1994 par 134 écrivains, dénonçait la censure systématique imposée par le régime iranien à leur encontre. Les signataires y annonçaient la création d’une « organisation professionnelle des écrivains d’Iran qui garantirait leur indépendance individuelle ». Les statuts de RSF précisent que l’association a notamment pour objectif de « défendre les journalistes persécutés pour leurs activités professionnelles ou en raison de leur appartenance nationale, raciale, ethnique, religieuse, philosophique ou politique et au besoin poursuivre ou faire poursuivre en justice les auteurs de persécutions ». Par ailleurs, en mars 2001, l’organisation a mis en place un réseau baptisé « Damoclès » qui a, notamment, pour tâche d’enquêter sur les crimes commis contre des journalistes. Au cours de ces quinze dernières années, plus de 750 journalistes ont été tués dans le cadre de leurs activités professionnelles. La grande majorité de ces crimes sont restés impunis. La plupart du temps, aucune enquête sérieuse n’a été menée. Dans certains cas, quand les dispositions du droit international le permettront, le réseau Damoclès agira en justice pour faire arrêter et poursuivre ces criminels.