Un blogueur condamné à trois mois de prison pour avoir enfreint une décision de justice lui interdisant de critiquer un ministre en Malaisie.
(RSF/IFEX) – 10 août 2012 – L’acharnement de la justice contre le blogueur Amizudin Ahmat, membre de l’organisation de jeunesse du parti d’opposition Keadilan Rakyat (RKR), vient de connaître un nouveau rebondissement. Le 10 août 2012, le juge de la Haute cour, Datin Zabariah Mohd Yusof, a condamné le blogueur, aussi connu sous le pseudonyme de Din Banjai, à trois mois d’emprisonnement pour avoir enfreint une décision de justice lui interdisant de critiquer le ministre de la Culture, de l’Information et de la Communication, Rais Yatim.
Sans se prononcer sur le fond de l’affaire, Reporters sans frontières dénonce une procédure inadmissible et une peine disproportionnée, menaçant dangereusement la liberté d’expression à l’égard des membres du gouvernement. « Au lieu de juger chacune des publications incriminées dans le respect du débat contradictoire et en laissant au blogueur une chance de se défendre, la justice a purement et simplement réduit au silence Amizudin Ahmat. Et parce qu’il a malgré tout osé s’exprimer, elle le prive aujourd’hui de liberté. S’ils ne reviennent pas immédiatement sur cette décision, les magistrats porteront la responsabilité d’un grave précédent pour la liberté de l’information en Malaisie », a déclaré l’organisation.
Condamné à une amende exorbitante pour « diffamation », le blogueur s’était en outre vu interdire tout nouvel article de cette nature concernant le ministre. Depuis lors, Amizudin Ahmat a pourtant posté onze nouveaux articles à son sujet, que la Haute cour juge « diffamatoires ». Les magistrats ont donc jugé le blogueur coupable d’un « outrage à la cour » « de la pire espèce ». Malgré les excuses d’Amizudin Ahmat, ils ont estimé que le caractère récidiviste de l’infraction et les termes employés justifiaient la plus grande sévérité.
La Malaisie fait partie des « pays sous surveillance » dans la liste des ennemis d’Internet publiée le 12 mars 2012 par Reporters sans frontières.