Quelques jours après l'ouverture de la campagne des élections générales, Reporters sans frontières et le Cambodian Center for Independent Media ont adressé aux autorités cambodgiennes une liste de recommandations, concernant le respect de la liberté de l'information.
Le 3 juillet 2013, quelques jours après l’ouverture de la campagne des élections générales, qui se tiendront le 28 juillet 2013, Reporters sans frontières et le Cambodian Center for Independent Media (CCIM) ont adressé aux autorités cambodgiennes une liste de recommandations, concernant le respect de la liberté de l’information.
« La situation de la liberté de l’information n’a cessé de se détériorer au Cambodge au cours des deux dernières années, et la récente tentative du ministère de l’Information d’interdire, jusqu’à la fin de la campagne, la diffusion par les radios locales des programmes en Khmer de radios étrangères est particulièrement inquiétante, dans un Etat où la totalité des chaînes télévisées, ainsi que la grande majorité des stations radio et des journaux sont déjà contrôlés par le parti au pouvoir », ont conjointement déclaré Reporters sans frontières et le CCIM.
« Nous mettons en garde les autorités cambodgiennes contre toute tentative future de blocage de l’information autour de la campagne électorale, et les exhortons à garantir aux journalistes et à tous les médias un climat favorable à l’exercice de leur fonction. Nous demandons que le gouvernement fasse un effort de transparence afin de permettre une couverture libre du scrutin », a ajouté l’organisation.
« Nous demandons par ailleurs au ministre de l’Information, Kannarith Khieu, de revenir sur sa décision, par ne s’appuie sur aucune loi, d’interdire la publication de sondages dans les cinq jours précédent l’élection, et de préciser ce que signifie l’interdiction faite aux radios de ‘diffuser des informations relatives aux activités, d’étrangers basés sur le territoire cambodgien, de soutien ou d’opposition à tout parti politique ou individu », ont conclu les organisations.
Le 24 juin 2013, Reporters sans frontières a soumis une contribution au Conseil des droits de l’homme des Nations unies, qui examinera le cas du Cambodge lors de la 18ème session de l’Examen Périodique Universel (janvier-février 2014). L’organisation y fait part de ses inquiétudes quant au manque d’indépendance des médias et aux restrictions de l’accès à l’information, qui nuisent à la transparence du processus électoral, comme ce fut le cas pour les élections communales de 2012.
Le lendemain, le 25 juin 2013, le ministère de l’Information publiait une directive interdisant aux radios locales de diffuser des programmes en Khmer de radios étrangères, sous couvert de protéger une certaine neutralité au cours de la campagne. La directive a été annulée cinq jours plus tard, suite aux pressions de plusieurs médias locaux directement visés, de la Broadcasting Board of Governors (BBG), l’agence qui supervise la diffusion de Radio Free Asia, mais aussi du département d’Etat américain, qui a fustigé une « grave violation de la liberté de la presse ».
En vue des élections législatives du 28 juillet 2013, Reporters sans frontières et le CCIM demandent aux autorités cambodgiennes, aux responsables politiques et au gouvernement de :
– Mettre en application les recommandations acceptées à l’issue de la session de 2009 du Conseil des droits de l’homme des Nations unies,
– Préparer un projet de loi sur l’accès à l’information combiné à une loi sur le liberté de l’information, et ce en consultation avec la société civile pour améliorer la transparence et le professionnalisme des médias,
– Mettre un terme à l’impunité et créer une commission chargée d’enquêter sur le cas de Heng Serei Oudom ainsi que des agresseurs de journalistes et professionnels des médias,
– Ouvrir le marché de la télévision et de la radio à des radiodiffuseurs indépendants et communautaires, en réformant les processus d’attribution des fréquences pour que les radios communautaires puissent émettre,
– Rendre public le projet de cyber-loi et autoriser la société civile à contribuer à son élaboration,
– Abroger la loi criminalisant la négation du génocide khmer.
Le Cambodge est classé au 143ème rang sur 179 au classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.