La Radio Communautaire de Manono a été fermée le 8 janvier 2014 par le Chef de service de communication du district de Tanganyika. Il accuse la radio d'avoir diffusé « des messages susceptibles de troubler l’ordre public (…) appellant les enseignants de cette entité à la grève générale ».
Dans une lettre adressée, lundi 13 janvier 2014, à M. l’abbé Jean Bosco Bahala, président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), Journaliste en danger (JED) a sollicité auprès de cette institution de régulation des médias d’ordonner la réouverture sans condition de la Radio Communautaire de Manono, station émettant à Manono, territoire situé à 600 Km de Lubumbashi, chef-lieu de la province du Katanga (Sud-est de la RDC), fermée illégalement depuis mercredi 8 janvier 2014 par M. Justin Mussa Fundi, Chef de service de communication du district de Tanganyika.
Dans cette correspondance, JED a dénoncé vigoureusement cette fermeture qui constitue une grave atteinte à la liberté de la presse et qui prive d’information des milliers d’auditeurs de cette radio qui n’a commis aucun délit de presse.
JED a également fustigé l’acte posé par le Chef de service de communication du district de Tanganyika qui s’était permis de s’arroger malencontreusement le statut de régulateur des médias que la loi 11-001 du 10 janvier 2011 reconnaît exclusivement au CSAC.
Dans une décision dont JED a pu obtenir une copie, M. Justin Mussa Fundi accuse la Radio Communautaire de Manono d’avoir diffusé lundi 6 janvier 2014 « des messages susceptibles de troubler l’ordre public dans le territoire de Manono (…) appelant les enseignants de cette entité à la grève générale ». Justifiant sa mesure, M. Mussa a affirmé avoir suspendu préventivement les activités de ce média jusqu’à nouvel ordre. « Car il s’est agi d’une violation flagrante des clauses du cahier des charges pour les stations de radio et/ou télévisions privées, conclu avec le pouvoir public (…) ». Il a de ce fait, demandé à l’administrateur du territoire de Manono de diligenter une enquête pour établir les responsabilités dans cette affaire.
Selon les informations parvenues à JED, les responsables de la Radio Communautaire de Manono ont été interpellés, jeudi 9 janvier 2014 dans la matinée au bureau de l’administrateur du territoire où la décision du chef de service de communication du district de Tanganyika leur a été signifiée. Séance tenante, le directeur des programmes de la radio a été mis aux arrêts pour raison d’enquête avant d’être libéré 24 heures plus tard.
Contacté par JED, M. Sylvain Kasongo, directeur de la Radio Communautaire de Manono a declaré que son média a diffusé, mercredi 8 janvier 2014 vers 19 heures, une émission intitulée « Antenne scolaire », consacrée à la sensibilisation des élèves. Au cours de cette émission, un enseignant a exorté les éléves à ne pas négliger les études, les enseignants à reprendre le service malgré les difficultés et les autorités locales à faire un plaidoyer pour décanter la situation des enseignants. « Nous n’avons jamais diffusé une information appelant les enseignants à la grève. Notre émission dédiée à la promotion scolaire est diffusée chaque mercredi et non lundi comme le prétend le chef de service de communication du district de Tanganyika. C’est une décision qui cache mal l’intention de nuire », a-t-il ajouté.