Kennedy Germain Mumbere Muliwavyo a été blessé par balles à la tête et à l’abdomen lors d’une attaque des rebelles ougandais de l’ADF/Nalu le 15 février 2014, il a succombé le lendemain à ses blessures.
Reporters sans frontières a appris avec une profonde tristesse le décès du journaliste Kennedy Germain Mumbere Muliwavyo de la Radio Télévision Muungano d’Oïcha le 16 février 2014 à Beni. Blessé par balles à la tête et à l’abdomen lors d’une attaque des rebelles ougandais de l’ADF/Nalu le 15 février 2014, il a succombé le lendemain à ses blessures.
“Cette triste nouvelle rappelle les dangers que courent les journalistes en zone de conflit. Ceux qui osent braver les intimidations de certains officiels tentant de leur interdire de rapporter sur les faits de guerre se trouvent confrontés à des dangers tout aussi graves lorsqu’ils avancent dans les zones de combats”, déclare Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières.
“Ce tragique évènement confirme si besoin était la claire corrélation entre conflits armés et récession de la liberté d’information. Il met en avant également la nécessité pour les troupes armées de garantir autant que faire se peut la sécurité des journalistes. Animés par le désir d’informer et de faire connaître les souffrances des populations exposées aux combats entre armée nationale et groupes rebelles qui ravagent la région du Nord Kivu depuis des années, on ne peut que saluer le courage et la détermination de ces hommes de médias”, ajoute-t-elle.
Contacté par l’organisation, Patient Subiri de la Radio télévision Rwanzururu Beni, également blessé par les tirs des rebelles qui ont coûté la vie à Kennedy Germain Mumbere Muliwavyo, explique qu’ils sont plusieurs journalistes à embarquer une à deux fois par semaine à bord de véhicules militaires pour se rendre sur le front et couvrir l’actualité militaire : “Nous nous rendons sur la ligne de front, la plupart du temps avec le général Lucien Baumba, commandant de la 8e région militaire, pour faire des reportages et montrer à la population locale la réalité sur le terrain et les avancées des opérations militaires”, explique-t-il. Concernant leur sécurité, il ajoute que les journalistes sont généralement “à côté du général, avec des gardes du corps et assez loin de la première ligne de front ».
Ce 15 février, les trois journalistes avaient embarqué à bord d’un camion de ravitaillement, cible potentiellement privilégiée des attaques des groupes rebelles. Kennedy Germain Mumbere Muliwavyo, ainsi que Patient Subiri de la Radio télévision Rwanzururu Beni et Mitterand Hangi de la Radio Télévision Muungano d’Oïcha comptaient faire une série de reportages dans la cité de Kamando, récemment libérée de l’emprise des ADF-Nalu par les militaires congolais.
Le véhicule transportant les trois journalistes a été directement touché par les tirs des rebelles ADF-Nalu. Patient Subiri a reçu trois balles dans les mains et à l’avant-bras, Mitterant Hangi a été blessé par deux balles à la jambe gauche et Kennedy Germain Mumbere Muliwavyo a été touché à la tête et au ventre. Transporté vers l’hôpital général de Oïcha, ce dernier a succombé à ses blessures le 16 février. Il a été enterré le jour même.
Dans une déclaration déplorant la mort du journaliste Kennedy Germain Mumbere Muliwavyo et réitérant le soutien de la France aux opérations militaires congolaises contre les rebelles en RDC, le ministère des Affaires étrangères français a rappelé que “la protection des journalistes, y compris en zone de conflits, constitue une priorité de son action diplomatique” et qu’ “il est essentiel que les journalistes puissent exercer leur métier librement et en toute sécurité.”
La question de la protection des journalistes est au premier plan des préoccupations de la communauté internationale depuis plusieurs mois. Le 26 novembre 2013, l’Assemblée générale des Nations unies adoptait une résolution sur la sécurité des journalistes qui fait écho à la résolution 1738 du Conseil de sécurité des Nations Unies de 2006 sur la protection des journalistes dans le cadre de conflits armés.
Afin de permettre aux journalistes de mieux se protéger lorsqu’ils travaillent dans des zones dangereuses, Reporters sans frontières a élaboré en 2007, en partenariat avec l’Unesco, un Guide pratique du journaliste.
La RDC figure à la 151e place du Classement 2014 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières et perd 8 places par rapport à celui de 2013.