(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre chinois de la Sécurité publique, Jia Chunwang, RSF a protesté contre l’arrestation de Yang Zili, fondateur du site Internet www.lib.126.com. RSF a demandé au ministre d’intervenir auprès des services compétents afin que Yang Zili soit libéré. RSF s’est inquiétée de la répression à l’encontre des internautes et […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre chinois de la Sécurité publique, Jia Chunwang, RSF a protesté contre l’arrestation de Yang Zili, fondateur du site Internet www.lib.126.com. RSF a demandé au ministre d’intervenir auprès des services compétents afin que Yang Zili soit libéré. RSF s’est inquiétée de la répression à l’encontre des internautes et des dissidents qui utilisent Internet pour informer ou s’informer sur la situation des droits de l’homme en Chine. « Au moment même où la Chine vient d’éviter une condamnation par la Commission des droits de l’homme des Nations Unies, cette nouvelle vague de répression démontre à quel point la Chine reste un ennemi d’Internet et de la liberté d’expression », a déclaré Robert Ménard, le secrétaire général de RSF.
Selon les informations recueillies par RSF, Yang Zili, fondateur du site Internet www.lib.126.com, a été arrêté à Pékin, le 13 mars 2001, alors qu’il sortait de chez lui. Le même jour sa femme, Lu Kun, a été interpellée puis libérée après quarante-huit heures. Elle a été interrogée par la police sur les activités de son mari et contrainte de s’engager par écrit à ne pas révéler l’affaire. La police a fouillé leur domicile. Depuis le 13 mars, la police n’a pas informé Lu Kun sur les raisons et le lieu de l’incarcération de Yang Zili. Dans ses articles publiés sur Internet, Yang Zili, âgé de 28 ans, dénonçait notamment la répression contre la secte Falun Gong et les difficultés économiques des paysans. Il avait ainsi appelé dans un poème à « asséner un coup fatal au spectre du communisme ».
Le gouvernement chinois a décidé, au début du mois d’avril, de suspendre l’ouverture de nouveaux cafés Internet pendant trois mois. Les autorités ont également annoncé qu’elles allaient renforcer leur contrôle sur les établissements déjà existants. Pour cela, une nouvelle réglementation a été adoptée qui vise à lutter contre la « pornographie », la « superstition » et les « jeux en ligne ». En 2000, le gouvernement avait déjà légiféré pour interdire les « contenus politiques subversifs ». Depuis, les dissidents s’en sont trouvés d’autant plus exposés à la répression exercée par les unités de la police en charge du contrôle d’Internet créées dans plusieurs provinces. Ainsi, le 18 avril, le dissident Chi Shouzhu, a été interpellé, à la gare de Changchun (province de Mandchourie, nord-est du pays), en possession d’articles en faveur de la démocratie imprimés de sites Internet basés à l’étranger.
Dans un rapport intitulé « Les ennemis d’Internet », publié en février, RSF constatait : « Depuis maintenant deux ans, les autorités chinoises ont sensiblement modifié leur politique de contrôle d’Internet. La stratégie de la « cyber Grande muraille » mise en place, dès 1997, par les ministères de la Sécurité publique et de la Sécurité d’Etat, a été délaissé au profit d’une répression sélective et d’un contrôle effectué par les fournisseurs d’accès et les responsables des sites eux-mêmes. â¦Considérés comme de véritables criminels, les cyberdissidents chinois encourent de lourdes peines de prison. »
Actuellement la Chine compte trois cyberdissidents incarcérés : Qi Yanchen, rédacteur en chef de la revue en ligne « Consultations », arrêté le 2 septembre 1999 et condamné à quatre ans de prison (consulter les alertes de l’IFEX du 21 septembre, 13 juillet, 26 et 5 juin, 17 et 3 mars et 26 janvier 2000 et 3 septembre 1999) ; Huang Qi, créateur du site www.6-4tianwang.com, incarcéré depuis le 3 juin 2000 et dont le procès n’a toujours pas eu lieu (consulter les alertes du 9 février et 18 janvier 2001, 13 juillet, 26 et 7 juin 2000) ; et Jiang Shihua, enseignant et propriétaire du Café Internet Sillicon Valey, incarcéré le 16 août 2000 et condamné, en décembre dernier, à deux ans de prison (consulter les alertes du 14 mars 2001 et 22 août 2000).