(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au chef d’état-major général des forces armées, Veríssimo Correia Seabra, RSF a exprimé sa préoccupation suite aux menaces proférées par des militaires contre des journalistes. RSF a demandé au chef d’état-major de condamner publiquement ces propos et de veiller à ce que les officiers et les soldats de l’armée […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au chef d’état-major général des forces armées, Veríssimo Correia Seabra, RSF a exprimé sa préoccupation suite aux menaces proférées par des militaires contre des journalistes. RSF a demandé au chef d’état-major de condamner publiquement ces propos et de veiller à ce que les officiers et les soldats de l’armée bissau-guinéenne ne menacent plus les journalistes du pays. « L’armée est une institution de l'(tat et doit, à ce titre, protéger les journalistes qui ne font qu’exercer leur droit à informer, garanti par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples ratifiée par la Guinée-Bissau », a déclaré Robert Ménard, le secrétaire général de l’organisation. « Une presse libre et indépendante est l’une des conditions indispensables au développement de ce pays, affaibli par plusieurs années de conflit », a ajouté Ménard.
Le 30 mars 2001, selon les informations recueillies par RSF, le chef d’état-major de l’armée de l’air, le brigadier général Melciades Lopes Fernandes, a fait irruption dans le studio de la radio privée Bombolom FM pendant une émission consacrée au cas d’une centaine de militaires détenus et accusés d’avoir participé à la tentative de coup d'(tat du 23 novembre 2000. L’officier a menacé les journalistes présents. Le lendemain, lors d’une émission diffusée sur la radio et la télévision publique RTGB, des militaires s’en sont pris, une nouvelle fois, aux journalistes invités sur le plateau. « Fini le moment de la tolérance », a notamment déclaré le brigadier général, avant de préciser qu’il avait déjà porté plainte contre un journaliste de Bombolom FM. Il a ajouté qu’en cas de guerre, cette radio serait « la première cible ». Au cours de ce débat, d’autres militaires ont affirmé que « les journalistes, en abordant certains sujets, ne font que préparer la population à une autre guerre ». Un autre a demandé que « les journalistes arrêtent de se mêler des affaires militaires. Nous sommes pareils à des fruits de palmier. Quiconque tombe sur nous se fait piquer. Et si l’on tombe sur quelqu’un, ce sera encore pire ». Le Parlement, à l’initiative du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC – opposition), a condamné publiquement ces propos.
RSF a également rappelé que le 15 février, Athizar Mendes, journaliste du quotidien privé « Diário de Bissau », un photographe du journal et leur chauffeur, ont été détenus pendant une nuit pour avoir voulu enquêter sur les convocations répétées par la police de deux diplomates du pays. Le 8 mars, suite à des menaces de poursuites proférées par le vice-procureur de la République, une trentaine de journalistes ont signé une motion « contre la censure et la détention arbitraire des journalistes dans l’exercice de leur profession en Guinée-Bissau ».