(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au juge de l’Audience nationale espagnole Baltasar Garzon, RSF a protesté contre la décision du juge d’ordonner la fermeture de la revue indépendantiste basque « Ardi Beltza », suite à l’inculpation de son directeur, Pepe Rei, pour appartenance à l’organisation armée ETA. « L’inculpation de Pepe Rei est un acte de procédure […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au juge de l’Audience nationale espagnole Baltasar Garzon, RSF a protesté contre la décision du juge d’ordonner la fermeture de la revue indépendantiste basque « Ardi Beltza », suite à l’inculpation de son directeur, Pepe Rei, pour appartenance à l’organisation armée ETA.
« L’inculpation de Pepe Rei est un acte de procédure judiciaire que nous ne commentons pas. Notre organisation a été l’une des premières à dénoncer ses prises de position menaçantes pour les journalistes. Mais la fermeture d’un organe de presse est une décision grave pour la liberté d’expression », a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l’organisation. « Nous vous demandons de reconsidérer cette décision et d’autoriser le magazine ‘Ardi Beltza’ à reprendre sa publication », a ajouté Ménard.
D’après les informations recueillies par RSF, le journaliste espagnol Rei, directeur de la revue indépendantiste « Ardi Beltza » (« brebis galeuse » en langue basque), a été inculpé le 29 mars 2001 pour « appartenance à l’organisation armée ETA » par le juge Garzon. La fermeture de la revue « Ardi Beltza » a été décidée par le juge Garzon en raison de « son caractère d’instrument et de véhicule de l’activité présumée délictueuse » de son directeur.
Début novembre 2000, RSF avait dénoncé la distribution avec le magazine « Ardi Beltza », d’une cassette vidéo intitulée « Journalistes : le marché du mensonge », qui dénonçait en des termes virulents, le rôle de la presse, jugée « à la solde » du gouvernement espagnol. Aurora Intxausti, l’une des quarante journalistes nommément désignés par cette cassette vidéo, et son mari, le journaliste Juan Palomo, avaient échappé de justesse à un attentat à l’explosif devant la porte de leur domicile le 10 novembre. La charge installée aurait pu tuer les deux journalistes si elle avait explosé totalement. Le conseiller de l’Intérieur du gouvernement basque espagnol avait alors estimé qu’il n’y avait « aucun doute » quant à la responsabilité de l’ETA dans cet attentat. Ce dernier était intervenu peu après l’arrestation, dans la nuit du 9 au 10 novembre à Bilbao (Pays basque), de quatre membres présumés du commando « Viscaya » de l’ETA (consulter l’alerte de l’IFEX du 13 novembre 2000).
RSF dénonce régulièrement les menaces et les attentats contre des journalistes espagnols. Le prix RSF – Fondation de France 2000 a été décerné à la journaliste basque espagnole Carmen Gurruchaga du quotidien « El Mundo ». Journaliste pour l’édition « Pays basque » de « El Mundo », elle a été victime à plusieurs reprises de la violence terroriste de l’ETA. Menacée de mort, elle a décidé de s’installer à Madrid, où elle continue aujourd’hui à travailler pour « El Mundo », mais sous protection policière, comme une cinquantaine d’autres confrères espagnols (consulter l’alerte de l’IFEX du 30 octobre 2000).