La couverture des violences qui ont éclaté entre bouddhistes et musulmans le 15 juin 2014 dans le sud du pays ont été censurées par les autorités.
La couverture des violences qui ont éclaté entre bouddhistes et musulmans le 15 juin 2014 dans le sud du pays ont été censurées par les autorités. Un couvre-feu a été instauré pour faire face à cette situation, décrite comme « tendue » par les autorités.
Ne pas dévoiler la vérité, c’est ce que les autorités sri-lankaises ont demandé dernièrement aux médias. La région d’Aluthgama (sud du Sri Lanka) a été le théâtre d’affrontements entre bouddhistes et musulmans dans la nuit du 15 au 16 juin 2014. Pour réagir à la situation, les autorités ont mis en place un couvre-feu. Les médias locaux ont reçu comme consigne de ne pas informer le public de ces troubles. L’information a néanmoins pu être relayée par des sites internet bloqués au Sri Lanka mais accessibles en dehors du pays.
Des journalistes présents pour couvrir les heurts ont été pris à partie et attaqués. Leur matériel a été détruit tandis que des dizaines de blessés et plusieurs morts ont été recensés à la suite de ces affrontements Un journaliste du Sunday Leader, Binoy Suriarachi, a été attaqué puis pris en otage pendant plusieurs heures. Ses collègues, Megara Tegal et Dileesha Abeysundara, présentes avec lui pour couvrir les événements, ont réussi à négocier sa libération.
« La censure de l’information imposée aux médias par les autorités est scandaleuse mais habituelle dans ce pays dès que la problématique des minorités est concernée », déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières. « Interdire de couvrir des événements n’empêchera pas la diffusion de l’information », ajoute-t-il.
Des affrontements ont éclaté entre bouddhistes et musulmans dans la soirée du 15 juin après un rassemblement du Bodu Bala Sena (Buddhist Power Force). Ce groupe extrémiste bouddhiste s’est engagé dans une campagne contre la communauté musulmane. Des mosquées et des maisons de prière ont été attaquées par les participants.
Le gouvernement sri-lankais a une longue habitude de la censure notamment en interdisant et bloquant les sites internet de nombreux journaux. Le 12 mai dernier, le site du Sri Lanka Mirror rejoignait la liste des sites bloqués dont font déjà partie Tamilnet, Lankanews, Lanka news web, et le Colombo Telegraph.
Le Sri Lanka se positionne à la 165e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.