(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Mwenze Kongolo, RSF a protesté contre la condamnation d’Emile-Aimé Kakese Vinalu, directeur de l’hebdomadaire « Le Carrousel » et de Jean-Pierre Mukuna Ekanga, directeur du journal « La Tribune de la Nation », à deux ans de prison et de Richard Nsamba Olangi, éditeur du journal « Le Messager […]
(RSF/IFEX) – Dans une lettre adressée au ministre de la Justice, Mwenze Kongolo, RSF a protesté contre la condamnation d’Emile-Aimé Kakese Vinalu, directeur de l’hebdomadaire « Le Carrousel » et de Jean-Pierre Mukuna Ekanga, directeur du journal « La Tribune de la Nation », à deux ans de prison et de Richard Nsamba Olangi, éditeur du journal « Le Messager Africain », à un an de prison avec sursis. L’organisation a demandé au ministre la libération des deux premiers. RSF a rappelé que, dans un rapport du 18 janvier 2000, la Commission des droits de l’homme des Nations unies a affirmé que « l’emprisonnement en tant que condamnation de l’expression pacifique d’une opinion constitue une violation grave des droits de l’homme ». « Une nouvelle fois, les autorités de République démocratique du Congo ont condamné des journalistes à une peine de prison. Depuis l’accession au pouvoir, en mai 1997, de Laurent-Désiré Kabila, plus de cent vingt journalistes ont été emprisonnés dans ce pays », a ajouté Robert Ménard, le secrétaire général de RSF.
Selon les informations recueillies par RSF, Kakese et Mukuna ont été condamnés, le 12 septembre, à deux ans de prison par la Cour d’ordre militaire (COM) de Kinshasa/Gombe. Ils ont été conduits au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa. Nsamba a, quant à lui, été condamné à un an de prison avec sursis. La COM, qui juge en premier et dernier ressort, les a reconnus coupables de « haute trahison » et « publication d’articles hostiles au pouvoir ».
Le 24 juin, Kakese a été arrêté par les services spéciaux de la police, avant d’être conduit dans les locaux de l’Agence nationale de renseignements (ANR) à Kinshasa. On lui reprochait la publication, dans l’édition du 20 juin du « Carrousel », de deux articles. Le premier, intitulé « L’opposition congolaise : trois ans de résistance, l’union s’impose » dénonçait l’impossibilité pour l’opposition congolaise de s’exprimer. Le second, titré « Conflit au sommet de l’État : empoignades entre Laurent-Désiré Kabila et Victor M’Poyo » s’interrogeait sur les raisons possibles ayant conduits à la rupture entre le chef de l’État et son ministre du Pétrole.
Nsamba et Mukuna ont été arrêtés respectivement le 15 et le 17 août. Nsamba a été interrogé entre autres sur ses relations avec Kakese et Mukuna. Ce dernier a, lui, été entendu suite à la publication d’une série d’articles dans lesquels il parlait d' »un journalisme de Nazi et de brigand ». Pour le ministère public, le journaliste « devrait en temps de guerre, observer la fidélité envers les dirigeants du pays et les institutions ». Le journaliste a précisé que « le journalisme de Nazi et de brigand » faisait allusion aux écrits du quotidien pro-gouvernemental « L’Avenir ».